LES VOIX SONNEUSES SUD DE FRANCE / JOUR 2

 

Et de cinq ! C’est la cinquième édition du festival des Voix Sonneuses à Saverdun en Ariège (09) et à cette occasion, l’organisation a décidé de mettre les petits plats dans les grands en faisant appel à des pointures hexagonales comme Cali, Les Wampas, Mouss & Hakim ou bien l’indéboulonnable Les Hurlements d’Léo.

Avec une programmation qui se déroule sur 2 jours, entre le 30 juin et le 1er juillet 2023, ce festival à taille humaine tient à prendre de l’ampleur et se poser comme « le plus grand des petits festivals », sous l’impulsion de son directeur depuis 2020, Frédéric Coux. À ce titre, l’organisation a récemment décidé d’adhérer à la marque régionale Sud de France pour se donner les moyens de ses ambitions et compter parmi les évènements culturels majeurs d’Occitanie…

Pour ce faire, le festival a tenu à faire les choses bien et soigner son accueil avec une dizaine de foodtrucks locaux, une bonne trentaine d’exposants et artisans de la région et en proposant sa marque de fabrique de toujours : un éclectisme musical au travers de pas moins de huit concerts.

En cette seconde journée, le festival a ouvert ses portes dès midi pour accueillir les festivaliers au travers de nombreuses animations, graffiti, spectacles de rues, etc. au sein de la Place du Champs de Mars.

 

ALEX TOUCOURT ENTRE GAUDRIOLE ET POÉSIE

18h. C’est à cette heure-ci qu’Alex Toucourt monte sur les planches pour démarrer ce second soir des Voix Sonneuses. Tout comme pour High C la veille, le public est encore peu nombreux dans l’arène de Saverdun, mais le musicien, seul en scène avec sa guitare, ne va pas s’en laisser compter. En effet, dès son premier titre « À Demi-Mot », il nous fait son découvrir son univers folk aux textes bien tournés. Ainsi, sous un discours volontairement humoristique et d’autodérision, Alex Toucourt dévoile ici et là en toile de fond des thèmes plutôt sérieux empreints de tendresse comme le cheminement de la vie (« Sur Ton Chemin ») ou bien « Trace Ta Route ».

En alternant prestation scénique pleine de second degré et chansons aux accents poétiques avec quelques pointes d’humour (« Le Clown »), le lorrain parvient à capter l’attention de l’audience, notamment avec des titres plutôt accrocheurs à l’instar de « Peut-Être À L’Automne » qui fait bouger les gens. Comme on pouvait légitimement s’y attendre, Alex Toucourt en profite donc pour nous présenter ses compositions bien ciselées en s’attardant sur son dernier album de 2021, Le Fruit Du Bazar (« À Demi-Mot », « Peut-Être À L’Automne », « Sur Ton Chemin », « Jusqu’où ? », « My Lovely Willy ») mais en allant aussi piocher du côté de ses deux premiers disques avec « Prendre L’Air » ou l’excellent « Gary Malabar ». Cela permet donc de faire un rapide tour d’horizon des facettes musicales de l’artiste… et le moins que l’on puisse dire c’est que ça plaît aux festivaliers !

Qui plus est, Alex sera parfois accompagné de Flamme au violon sur quelques titres (« Trace Ta Route », notamment) afin de donner pas mal de relief aux compositions et d’y apporter une touche mélodique plutôt bienvenue. L’apport du violon permet donc bien compenser le manque d’arrangements par rapports aux albums et d’insuffler pas mal de corps à l’ensemble. En définitive, malgré un set plutôt épuré, Alex Toucourt a su faire montre d’une jolie prestation scénique et faire découvrir son univers musical haut en couleur. Voilà un artiste à suivre de (très) près !

Setlist Alex Toucourt
• À Demi-Mot
• Gary Malabar
• Peut-Être À L’Automne
• Le Clown
• Sur Ton Chemin
• Jusqu’où ?
• Le Coude Levé
• Trace Ta Route
• My Lovely Willy
• Prendre L’Air
• Bien Entendu

 

DEBOUT SUR LE ZINC… TOUJOURS DEBOUT !

Ça fait déjà 28 ans que Debout Sur Le Zinc existe et 28 ans que le groupe n’en finit pas de traîner ses guêtres sur toutes les scènes de France et de Navarre pour présenter une musique originale à la croisée de nombreux styles musicaux allant du rock au folk celtique, tout en passant par le yiddish ou par des sonorités tziganes et/ou orientales. Bref, un sacré patchwork qui fait de DSLZ l’un des fers de lance de la nouvelle scène française des années 1990 / 2000 avec entre autres les Ogres de Barback, Les Têtes Raides ou Les Hurlements d’Léo.

Après une tournée consacrée à l’univers de Boris Vian et un dernier album intitulé L’Importance De L’Hiver sorti en septembre 2021, Debout Sur Le Zinc a eu une actualité chargée depuis de nombreux mois mais ne semble pas prêt à lever le pied, puisque d’autres projets sont d’ores et déjà engagés, notamment pour le jeune public.

Mais ce soir, DSLZ n’est pas là pour le jeune public mais bel et bien pour donner à l’audience des Voix Sonneuses un étalage de sa musique qui transcende les étiquettes musicales. Ainsi, quand le combo envoie d’entrée de jeu « L’Orage », le morceau fait mouche avec son rock agréable qui laisse la part belle aux mélodies et qui permet ainsi aux festivaliers de se mettre dans le bain, en douceur. Alternant les instruments en fonction des styles musicaux mis en avant, les musiciens de Debout Sur Le Zinc apportent sur un plateau une véritable invitation au voyage aux festivaliers qui découvrent toute la palette mélodique du groupe dans ce set. De fait, DSLZ n’hésite pas à mettre en avant des chansons incisives (« Passe Me Voir», « Plus Rien À Perdre ») ou plus intimistes (« Petite Pause ») avec des parties plus dansantes qui flirtent parfois vers le folk celtique et la musique orientale (« L’invisible »). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce parti pris est payant car le public répond positivement à la musique de Debout Sur Le Zinc, si bien qu’on voir des couples danser ici et là.

Loin de tourner en rond et de proposer un set en pilotage automatique, les musiciens échangent souvent leurs instruments ainsi que le lead. De fait, même si le vocaliste Simon Mimoun reste le principal gouailleur, certains morceaux prennent une nouvelle coloration lorsque Romain Sassigneux lâche la clarinette ou la guitare pour passer au chant. On sent que ces p’tits gars-là sont heureux d’être là et que la scène est leur second chez eux ! Après avoir mené un set bien ficelé, Debout Sur Le Zinc termine son concert avec « La Déclaration », un titre d’environ 10 minutes construit sur une structure à tiroir qui permet au groupe d’investir de nombreux styles musicaux à la plus grande joie de l’audience. La boucle est donc bouclée…

Setlist Debout Sur Le Zinc
• L’Orage
• L’Importance De L’Hiver
• Reste là
• Passe Me Voir
• Petite Pause
• L’Invisible
• L’Arbre
• Plus Rien À Perdre
• La Pantomime
• Les Moutons
• La Déclaration

 

LES HURLEMENTS D’LÉO EN FORME

Après le set de Debout Sur Le Zinc, c’est maintenant au tour des musiciens des Hurlements d’Léo d’investir les planches de la scène des Voix Sonneuses. Et la transition musicale entre les deux groupes se fait en douceur, tant Les Hurlements d’Léo sont dans la même mouvance que DSLZ. Il faut dire que les deux formations se côtoient depuis plus de 20 ans, notamment au sein du projet Un Air, Deux Familles qui associait à l’origine Les Ogres de Barback et Les Hurlements d’Léo auxquels sont venus se rajouter La Rue Kétanou et Debout Sur Le Zinc sur la tournée sous chapiteau, Latcho Drom (vous suivez ?). Bref, après le set de DSLZ permet aux Hurlements d’Léo de débouler sur scène presqu’en chaussons tant le public a bien adhéré à la musique de Simon Mimoun et compagnie.

C’est donc sur un morceau instrumental en guise d’intro que le groupe bordelais déboule sur scène sous de copieuses acclamations avant d’attaquer sur le costaud « Les Vipères Aux Poings », une chanson rock bien râpeuse. C’est d’ailleurs dans ce sillon-là que la formation maintient le cap de son concert en axant le plus gros de ses titres sur de solides bases de rock (« Cumbia », « Mon Cul », …). De même, la formation n’hésite pas à agrémenter le tout de cuivres qui donnent un côté festif à l’ensemble par l’intermédiaire de Julien Arthus et Cyril Renou qui n’ont pas leur pareil pour apporter du peps comme sur « La Gare De Caen » qui a bien fait bouger le pit !

Cependant, Les Hurlements d’Léo n’en n’oublient pas pour autant leurs racines et délivre ici et là des compositions de chanson française à l’ancienne avec des titres comme « Jojo », « Filles De Joie » ou « La Piave » qui renvoient les plus anciens festivaliers aux temps des guinguettes et des cafés d’antan. Pour ce faire, le groupe pioche des titres dans son imposante discographie du Café Des Jours Heureux de 1998 jusqu’à Mondial Stéréo de 2020. Un bon moyen de faire découvrir au quidam son univers…

Petit-à-petit, Les Hurlements d’Léo décident de passer la seconde en proposant des titres au tempo plus rentre dedans qui font taper du pied à l’image de « L’Accordéoniste » ou « Le Café Des Jours Heureux » avant de terminer en trombe sur l’excellent « Sanizettes ». En l’espace de plus d’une heure de ce set intéressant, les musiciens des Hurlements d’Léo ont donc réussi à garder le public des Voix Sonneuses sur le devant de la scène et prouvé que malgré pas loin de 30 ans au compteur, le groupe bordelais en avait encore sous le pied. Et ça, c’est bon signe !

Setlist Les Hurlements D’Léo
• Léolos
• Les Vipères Aux Poings
• Cumbia
• Mon Cul
• Le P’tit Monsieur En Gris
• Gare De Caen
• La Malle En Mai
• Jojo
• Les Autres
• Filles De Joie
• L’Accordéoniste
• Le Café Des Jours Heureux
• La Piave
• Sanizettes

 

LES WAMPAS, VAINQUEURS PAR CHAOS !

La dernière fois que Didier Wampas et son groupe se sont aventurés dans les terres du sud-ouest c’était le 13 mai dernier dans le cadre d’une journée de la fête Anticapitaliste du NPA en compagnie de Charly Fiasco à Ramonville, à quelques encablures de Toulouse. Et malgré toute la bonne volonté du groupe, la configuration des lieux n’avait pas permis aux Wampas de se donner pleinement. Autant dire que ce soir, en clôture de cette cinquième édition des Voix Sonneuses, Didier et les siens comptent bien tout donner… et bien plus encore !

Fort d’un nouvel album en poche, Tempête, Tempête sorti le 30 septembre 2022 chez Verycords, le groupe est en pleine promotion au travers de quelques dates depuis octobre et est déjà bien rôdé. De fait, dès l’opener « Sauver Le Monde » enchaîné avec « Tempête, Tempête », l’ami Didier monte vite en puissance derrière le micro et n’hésite pas à se rapprocher du public via l’avancée de la scène pour faire monter la pression ! Dans le pit, l’ambiance monte d’un cran et les barrières commencent à sacrément bouger, notamment sur les premières notes du terrible « C’est L’Amour » repris en chœur par tous les fans. Il n’en fallait pas moins pour que le chanteur passe à l’attaque et se jette dans le public pour slammer !

Didier Wampas : 1 – Agents de sécurité (qui essayent de le retenir) : 0

À son retour sur scène, il récupère des bottes rouges envoyées un spectateur (en référence à la chanson « Les Bottes Rouges », ndr) et continuera son concert divinement chaussé… Même si le poids des années (et des excès) se fait parfois sentir dans le chant du frontman (« Frontignan Blues », par exemple), l’homme a pris le parti de se donner corps et âme dans tous les morceaux, n’hésitant pas à escalader les amplis (« Punk Ouvrier ») ou à inviter le public (et même la section PMR) à faire un wall of death en prenant une grosse voix de meeetaaaôôÔÔL. Autant dire que les festivaliers s’en donnent à cœur-joie devant ce joyeux bordel, si bien que les fans et les familles qui découvrent ce soir Les Wampas, se retrouvent sur la même longueur d’onde. Qui plus est, dès les premiers accords de la chanson désormais classique « Manu Chao », la foule saute comme un seul homme et reprend à gorge déployée le refrain. C’est d’ailleurs à ce moment-là que sera tiré un feu d’artifice au-dessus de la scène des Voix Sonneuses. Cela ne pouvait pas mieux tomber. À partir de là, Didier sera intenable et fera des allers-retours entre le public et les planches sans aucun temps mort.

Didier Wampas : 2 – Agents de sécurité (qui essayent de le retenir) : 0

Derrière le frontman, la machine des Wampas tourne à plein régime, notamment grâce à une section rythmique jamais prise en défaut (le batteur Niko est une véritable machine, ce soir) et des riffs assassins. À ce titre, la paire Tony Truant / Effello fonctionne à merveille. Et même si leur jeu n’est pas le même (le vieux briscard Tony Truant a une approche à l’ancienne), l’équilibre entre le grattes est tout bonnement parfait. Mais même si le groupe est redoutable, l’attention se focalise sur un Didier Wampas complètement en transe qui après avoir joué de la guitare debout sur le public, décidera de se balader avec sa sempiternelle chaise de bras en bras jusqu’à aller très loin… On a beau avoir vu de nombreuses fois Les Wampas en concert, ce petit moment de la chaise reste toujours le point fort de chaque prestation scénique ! Ce sera encore une fois le cas, ce soir.

Didier Wampas : 3 – Agents de sécurité (qui essayent de le retenir) : 0

De plus, on aura droit ce soir à des nouveaux titres issus du dernier album comme « Tempête, Tempête », « L’Avocat », « Le Grand Amour », « J’aurai Moins Mal » ainsi que le bluesy chaotique « Frontignan Blues » et force est de constater qu’ils ont été très bien accueillis par les spectateurs. Après « Les Bottes Rouges » (avec les bottes rouges au pied), Les Wampas décident d’accélérer la cadence en enchaînant le nerveux « L’Avocat » avec le hit « Petite Fille » et la reprise de Patrick Juvet, « Où Sont Les Femmes ? ». À ce titre, Didier invitera la gent féminine à monter sur scène pour danser et chanter avec lui et il en profitera même pour slammer sur elle. Autant dire que maintenant le chaos est sur scène ET aussi dans le pit où ça bouge dans tous les sens. Quel super moment !

Didier Wampas : 4 – Agents de sécurité (qui essayent de le retenir) : 0

Après que les toutes les femmes présentes sur scène reviennent derrière les barrières, le sieur Wampas décide d’inviter une petite fille avec lui sur les planches et de l’interroger à la façon d’un Jacques Martin pour mieux lancer l’excellent « Ce Soir C’est Noël ». L’homme scandera en duo avec la petite fille des « Noël » durant les refrains. Pas le temps de reprendre son souffle, Les Wampas délivrent le costaud « Yeah Yeah ! » avec voilà que Didier est reparti au beau milieu du public pour faire chanter les festivaliers en n’omettant pas de passer par la section PMR (« vu qu’ils n’avaient pas fait le wall of death comme demandé »…). Bref, le groupe se donne plus qu’à fond et le festival des Voix Sonneuses le lui rend bien…

Didier Wampas : 5 – Agents de sécurité (qui essayent de le retenir) : 0… Abandon.

En définitive, ce concert des Wampas aura tenu toutes ses promesses et s’est placé sans conteste comme le set parfait pour clore ce dernier soir de la cinquième édition du festival les Voix Sonneuses. On ne pouvait pas rêver mieux…

Résultat du match de ce soir : Didier Wampas : 5145747718² / Agents de sécurité (qui essayAIENT de le retenir) : 0. Les Wampas, vainqueurs par chaos !

Setlist Les Wampas
• Sauver Le Monde
• Tempête, Tempête
• L’Aquarium Tactile
• C’est L’Amour
• C’est Politique
• Le Grand Amour
• Comme Un Punk En Hiver
• Punk Ouvrier
• Toto
• Frontignan Blues
• Manu Chao
• Rising
• Les Bottes Rouges
• L’Avocat
• Petite Fille
• Où Sont Les Femmes
• Ce Soir C’est Noël
• Yeah Yeah
• Roy
• J’aurai Moins Mal
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• Rimini
• Puta
• Oï
• For The Rock
• C’est Juste Une Petite Voix

 

Un grand merci à Frédéric Coux ainsi qu’à toutes l’équipe et bénévoles du festival des Voix Sonneuses pour leur accueil et leur professionnalisme

 

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