Stephan Eicher était à l’Olympia du 27 au 29 février 2024 pour trois dates à guichet fermé. Il a fait vibrer le coeur de ses fans, venus nombreux voir leur rocker suisse préféré. Durant un peu plus de deux heures, dans un Olympia en configuration assise, il a passé en revue son répertoire, riche d’une vingtaine d’albums, en faisant la part belle au dernier sorti, Ode, sorti fin 2022.

Stephan Eicher Olympia

Zorro Schlubowitz

Pour lancer les hostilités, un inconnu masqué s’avance sur une scène plongée dans la pénombre. Zorro Schlubowitz est seul face au public, armé seulement d’une boîte à rythmes, d’un petit clavier et d’une guitare acoustique. A peine commence-t-il à chanter que le mystère est vite levé : il s’agit de Stephan Eicher, jouant aux débutants pour un retour à ses premières amours punk. Il revisite quelques uns de ses titres sur des bandes-sons plutôt électro, faisant écho à ses premiers albums très electro-punk.

« C’est super d’être nerveux comme la première fois » lance-t-il alors qu’il teste que la piste est la bonne. On ne sait pas trop s’il nous joue un numéro ou s’il est vraiment nerveux de cette prestation sans décors, sans filet. Fidèle à son caractère boute-en-train, il achève son numéro sur une blague. Après avoir lancé à la régie un « Tu fais comme on a répété ?« , on entend une annonce typée SNCF : « Information pour la 1ere partie : votre tour de chant devra s’arrêter dans 3 minutes« . Stephan fait mettre une alarme de trois minutes à tout le public « car le groupe d’après est sévère », entame sa chanson… et l’arrête juste au bout de 3 minutes, quand tous les minuteurs se déclenchent. L’effet est assuré et le public apprécie !

Setlist

  • Noise Boys Song
  • La chanson bleue
  • Donne moi une seconde
  • Si tu veux (que je chante)
  • Dans ton dos
  • Doux dos
  • Tu ne me dois rien

Stephan Eicher

stephan eicher olympia

Après trente minutes de battement, Stephan Eicher prend possession cette fois de l’ensemble de la scène de l’Olympia. Il est accompagné de la harpiste Noémie Von Felten (harpe), du multi-instrumentiste Reyn (piano, claviers, programmations, batterie) et de Simon Gerber (guitare, basse). L’ambiance reste intimiste : le décor reconstitue un salon éclairé aux bougies, avec trois grandes malles qui joueront leur rôle un peu plus tard.
Toujours aussi facétieux, Stephan Eicher ne peut s’empêcher de tacler les grévistes qui ont empoisonné sa tournée, alors que le public de l’Olympia chante à pleins poumons le refrain de Pas d’ami comme toi. L’artiste veut un « Non, Non, Non » plus sec, comme un contrôleur à qui on demande si le train part, comme le tracteur à qui on demande de laisser passer le bus de tournée, comme une réponse au nombre « 49.3 ». D’autres interludes émaillent le show, comme quand Simon cherche à s’accorder sur des verres de vin à moitié remplis, ou quand Stephan disserte sur les mérites respectifs des Bernois, des Jurassiens et des Zurichois. Nous avons même droit à un pseudo tour de magie quand Stephan fait « apparaître » des trompettes mécanisées sur les côtés de la scène. Tout cela contribue à casser le quatrième mur et crée une ambiance bonne enfant très agréable.

Magie des automates

Stephan Eicher Olympia

Si la scénographie est sobre au départ, elle se révèle pleine de petites trouvailles géniales. Sur plusieurs chansons, un nuage en miroir circule au-dessus des artistes. Il s’incline pour les montrer de dos, quand il ne sert pas à mettre en valeur la harpiste ou le bassiste. Un peu plus tard, une méduse mécanique en tissu traverse le haut de la scène dans un mouvement très poétique. Mais le coeur de la mise en scène reste ces trois grandes malle, qui s’ouvrent en milieu de spectacle pour révéler des instruments-automates. Déjà aperçus en 2015 pendant la tournée Stephan Eicher und die Automaten, ces percussions s’illuminent au rythme de la musique et renforcent le côté féérique de la mise en scène.
Le début du concert est quasiment acoustique. La harpe de Noémie van Felten occupe l’essentiel de l’espace rythmique, tandis que Stephan mène la danse sur sa guitare acoustique. Au fur et à mesure que le show avance, quelques passages de batterie font leur apparition, et on peut même entendre une ou deux guitares saturées. Cette réorchestration fonctionne très bien et permet au public de l’Olympia de découvrir le répertoire de Stephan Eicher sous un autre jour. L’album Ode est bien sûr bien représenté, avec pas moins de 7 titres, mais la setlist balaye l’ensemble de la carrière. Un medley vient notamment saluer les 31 ans de l’album Carcassonne. Il fournit à Stephan l’occasion de taquiner sa harpiste, qui n’était pas née lors de sa sortie.

Pas de rappel

Stephan Eicher Olympia

Alors que le concert approche de sa fin, Stephan Eicher rappelle au public de l’Olympia qu’il déteste les rappels (« c‘est un peu comme le lemoncello que vous ne voulez pas à la pizzeria, mais qu’on vous apporte quand même« ). Il se lance ensuite dans un jeu du chat et de la souris avec le public, qui attend forcément Déjeuner en paix. Prétextant un numéro de mentalisme, il demande à chacun de ses musiciens de sentir quelle chanson il faut jouer. Si c’est raté pour Simon, qui lance Eisbär, c’est en revanche gagné pour Noémie. Alors que sa harpe égraine les premières notes, le public rugit d’appréciation.
Malgré l’annonce de l’artiste, le salut est suivi d’un faux-rappel (mais pas de sortie de scène !). Le concert s’achève sur Tu ne me dois rien, en miroir de la prestation de Zorro Schlubowitz. Le public se lève pour une longue standing ovation. Stephan se prête au jeu des autographes avec les premiers rangs tandis que ses musiciens jouent. C’est une soirée pleine de poésie qui s’achève, qui m’a fait découvrir une autre facette du rockeur.

Setlist

  1. Sans contact
  2. Pas d’ami (comme toi)
  3. Le plus léger au monde
  4. Prisonnière
  5. Tous les bars
  6. Voyage
  7. Des hauts, des bas
  8. Medley: Rivière / Hope / Ni remords, ni regrets / Manteau de gloire
  9. Lieblingsläbe
  10. Medley: Combien de temps / Two People in a Room
  11. Rêverie
  12. Ne me dites pas non
  13. 1000 vies
  14. Je te mentirais disant
  15. Eisbär
  16. Déjeuner en paix
  17. Éclaircie
  18. Autour de ton cou
  19. Hemmige
  20. Tu ne me dois rien

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