Troisième date Parisienne à guichet fermé pour Victorien, à la Maroquinerie ce jeudi 24 avril. Après une petite tournée d’automne, c’était hier soir la dernière date de sa tournée de Printemps, démarrée le 5 avril à Genève. Tout juste six mois après la sortie de son premier EP, “Me Voilà”, il s’offre une Maroquinerie pleine à craquer.
Zeph
Le concert s’ouvre avec Zeph, jeune artiste à qui a été confiée la première partie de cette date parisienne. On se retrouve plongés dans l’ambiance sonore du métro, le roulement des trains, l’alarme qui sonne la fermeture des portes, et l’on comprend vite ce qui nous arrive : Zeph s’apprête à nous emmener avec lui dans son quotidien. Sur scène ils sont deux, avec son pianiste, et cela suffit amplement. L’ambiance est calme, on le regarde et on l’écoute, fascinés, dérouler ses titres inédits.
Surprise, lorsqu’il nous parle de sa maman, du thé à la menthe qu’elle lui servait quand il révisait ses examens, et qui est devenu comme un fil rouge entre eux, dans les moments importants. Il se sert lui-même un thé, en offre un à son pianiste, en nous expliquant qu’il célèbre ainsi ce moment important de sa carrière, et pour nous annoncer la sortie de son single Menthe, avec lequel il enchaîne la soirée.
Le public s’active peu à peu, se prépare à l’arrivée prochaine de Victorien en terminant ce premier set par la très énergique Fou, puis le premier single de Zeph, A zéro.
Victorien
Après un court entracte, le public est capté immédiatement lorsque les lumières s’éteignent. Aussitôt, le tic-tac d’une horloge se fait entendre, tandis que la scène reste plongée dans le noir. On se demande ce qu’il se passe, jusqu’à ce qu’on entende quelques voix résonner dans la salle. Ça se félicite, ça s’encourage… On comprend que l’on entend des captations de fin de répétitions, que l’on cherche à nous plonger dans l’ambiance d’avant-tournée. Quelques notes s’élèvent en fond sonore et le public s’extasie de reconnaître les premières notes d’Embrasse-moi. Les musiciens entrent ; on découvre la même composition que pour la date au Café de la danse : Armand au piano, Marielle au violon, et Antoine à la guitare électrique et acoustique. Un ensemble simple, tout comme la scénographie qui, mais très efficace.
Victorien fait finalement son entrée sur la scène de la Maroquinerie avec son titre Me voilà, première chanson de l’EP, comme pour se présenter au public, qui le connaît pourtant déjà bien. Les lumières sont tamisées, et ne s’allument pleinement que lorsqu’il arrive au refrain, repris en chœur par le public. L’enchaînement est rapide, puisqu’après un petit salut au public, le jeune chanteur annonce la prochaine chanson, la présentant comme “celle qui vous a permis de me rencontrer”. Les premières notes de Tous les matins se font entendre, sous les cris de la foule, et on nous embarque dans un éclairage très simple, composé uniquement de spots blancs sur chaque personne présente sur scène, avant que les jeux de lumière ne se fassent plus complets à l’arrivée du refrain, un joli clin d’œil à la simplicité de l’artiste.
Les chansons suivantes s’enchaînent, avec Comme un enfant, puis Plus rien, sur laquelle Zeph revient sur scène pour partager un duo qui apporte une nouvelle dimension à cette chanson normalement performée en solo. Chaque chanson à le droit à sa petite anecdote, son petit clin d’oeil, et il est très appréciable d’entendre Victorien nous en conter toutes les histoires. La suivante n’est pas sortie, mais on sent le public s’extasier à l’idée de l’entendre. La fille du bar est, selon le jeune chanteur, la première chanson qu’il a écrite et il nous y parle d’hypersensibilité, de réflexions trop complexes et de l’impossibilité parfois de se sortir de celles-ci.
L’émotion est palpable dans la salle à l’annonce de la prochaine chanson. Sortie il y a à peine une semaine, Balade à deux retrace son enfance et ses liens avec son père, présent dans la salle ce soir. Bien que le single soit récent, le public l’entonne en choeur avec l’artiste, qui a bien du mal à terminer la chanson, pris par l’émotion. Histoire de rester dans la mélancolie, il nous entraîne ensuite Chez mon grand père, puis dans une histoire d’amour inspirée par celle de ses grands-parents, Les Vieux Cons, qui conte l’envie de vieillir avec la personne aimée. Ces deux titres ne sont pas sortis, mais ont été joués depuis plusieurs dates déjà, et le public semble très bien les connaître, chantonnant les paroles.
C’est ensuite un enchaînement de titres inédits que livre Victorien au public de la Maroquinerie. Qui tient les commandes d’une redoutable efficacité dans son tempo rapide et entraînant, Ici tout seul, qu’il nous confie en guitare-voix pur, sans aucun micro et dans une salle plongée dans un silence total, puis Il faudra, qui nous enjoint à tout tenter au quotidien, car “il faut le faire, puisque demain tout est fini”.
On retrouve ensuite un titre de l’EP, avec un sujet que le jeune chanteur n’aborde, selon lui, vraiment pas souvent, puisqu’il s’agit de l’amour. Bien entendu, le public en rit volontiers avant d’être entraîné par Tu n’existes pas, puis par la très énergique Au début, à nouveau inédite. L’ambiance est bonne, on se moque du volume produit par le chœur du public, qui riposte aussitôt en hurlant, à point tel que la boucle musicale que nous a apprise le chanteur ne semble pas vouloir s’arrêter, poussant même les musiciens à quitter la scène en riant. La première partie de ce set se termine par Amor à mort, là aussi un titre qui n’est pas sorti mais déjà connu et chanté par une partie du public.
Les lumières s’éteignent, il est temps de lancer l’encore. Comme un fil rouge, le public reprend la boucle mélodique d’Au début, qui finit par faire revenir Armand, le pianiste. Puis Victorien embarque la Maroquinerie dans la très attendue Embrasse-moi. Le concert touche à sa fin, et l’on se retrouve à nouveau à écouter et chanter Tous les matins, mais Victorien est cette fois accompagné au piano d’Achile, qui a composé la chanson. On sent que le public en veut encore, n’a pas envie que le set s’arrête, puisque les refrains de entonnés en chœur s’enchaînent encore et encore, jusqu’à ce qu’Achile ne s’arrête finalement de jouer, forçant un peu l’audience à revenir au calme. S’enchaîne Le temps perdu, une petite présentation de l’équipe et une longue liste de remerciements, avant que Victorien n’annonce la dernière chanson non-jouée de l’EP, Les fleurs, qui réjouit très largement le public. Le concert prend fin après un set de 18 chansons, et c’est avec un pincement au coeur que l’on referme cette parenthèse de douceur pour retourner au quotidien.
Victorien sera à nouveau en tournée en France à l’automne 2025 et en concert au Trianon le 12 novembre 2025, après cette Maroquinerie à guichet fermée.
Live report : Marie Baron