Dropkick Murphys – Okemah Rising, l’anti-fa à l’irlandaise

Un an après « This Machine still kills fascists », Dropkick Murphys présente son nouvel album toujours plus remonté que jamais : « Okemah Rising ». Décorticage d’un cri de révolte de la classe ouvrière.

« SAUT CHASSE » MURPHYS

Originaire de Boston, le groupe doit son nom notamment à un centre de désintox éponyme créé par John Murphys, ancien boxeur spécialiste du saut chassé (« Dropkick » en anglais). Ayant tous des origines plus ou moins proches avec l’Irlande ou l’Ecosse, l’essence de leur musique dans les premiers temps est ancrée dans la reprise de chansons irlandaises traditionnelles. C’est grâce à leur participation quasi systématique à la fête de la St-Patrick de Boston qu’ils gagnent en notoriété.

Mais c’est surtout en 2005 avec la sortie de l’album « The Warrior’s Code«  que le groupe rencontre enfin le succès qu’il mérite. « I’m Shipping Up to Boston » sera un énorme succès et sera inclus dans le film « Les Infiltrés« , ouvrant largement la voie pavée d’or pour le groupe.

Dropkick Murphys, c’est une voix forte pour défendre les ouvriers et ceux qui luttent tous les jours. Deux sujets majeurs pour ce groupe de chansons à boire irlandaises : la famille et les conditions sociales difficiles.

OKEMAH

Dans la même lignée que « This Machine still kills Fascists« , le nouvel album de Dropkick Murphys « Okemah Rising » est un véritable pamphlet à propos des classes modestes toujours plus étranglés au fil du temps. L’inspiration vient directement de Woody Guthrie, grand chanteur socialiste contestataire du siècle dernier. A l’image de ses textes engagés, Dropkick dénonce les conditions toujours plus difficiles notamment dans le contexte actuel. « This Machine stil kills Fascists » fait écho à une inscription sur la guitare de Woody Guthrie, icône folk américaine aux textes particulièrement venimeux. Quand à « Okemah Rising« , il s’agit de la ville de naissance de l’antifasciste saltimbanque.

Toutefois, plutôt que de tailler violemment dans le gras dès le premier titre, « My eyes are gonna shine » vient instaurer une ambiance irish pure souche comme on aime. Un petit air entrainant qu’on finit par fredonner la rengaine dès le milieu de la chanson et emballé, c’est pesé, le nouvel album plait déjà.

Le reste de l’album sera un peu moins entousiaste niveau paroles. Déjà « Gotta Get to Peekskill » revient nous parler de fascisme mais toujours avec un entrain instrumental propre à l’ambiance irish chère à Dropkick Murphys.

Sur une alternance de balades aux paroles assassines tel « Watching the World Go By » et sa technique balai, « Ripping up the Boundary line » et de titres plus violents comme « I know how it feels », Dropkick Murphys balaie tout : la précarité, la légalité de ceux qui ont faim ou le côté plus contemplatif face à une société qui file à 100 à l’heure comme « Bring It Home » et sa vision de la surconsommation.

Le summum reste tout de même « When I was a little boy » :  fausse balade aux paroles cyniques effilées comme des lames de rasoir.

Bien que l’esprit de l’album soit un poil moins punk que ce que Dropkick Murphys a pu nous proposer par le passé, on retrouve quelques vestiges dans des titres comme « Run Hitler Run« . En clotûre, l’album « Okemah Rising » propose une version revisitée enregistrée à Tulsa de « I’m Shipping Up to Boston ». Oui encore une mais bon, elle vaut son pesant de cacahuètes tout de même !

En résumé, un chouette petit album, moins punk par sa musique mais plus par la violence de sa verve. L’art de faire passer des discours très durs et des situations quotidiennes inhumaines avec de petits airs d’accordéon légers sous des faux airs de chansons à boire irlandaises. C’est violent à souhait, d’une certaine manière. L’irish est toujours là, l’album s’écoute et se réécoute.

TITRES DE L’ALBUM

1. My Eyes Are Gonna Shine
2. Gotta Get To Peekskill
3. Watchin The World Go By
4. I Know How It Feels
5. Rippin Up The Boundary Line
6. Hear The Curfew Blowin
7. Bring It Home
8. When I Was A Little Boy
9. Run Hitler Run
10. I'm Shipping Up To Boston (Tulsa Version)

TOUR

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