SCARING THE HOES

par JPEGMAFIA & Danny Brown

9
sur 10

SCARING THE HOES : Que se passe t-il quand deux des rappeurs américains underground les plus déments du moment s’associent pour un projet collaboratif ?

THE RETURN

Du titre SCARING THE HOES, provenant d’un célèbre meme sur des morceaux à ne pas mettre en soirée. Les deux énergumènes fous d’humour décalé le reprenne comme symbole du projet.

D’un côté, Danny Brown, venant de Detroit, actif depuis 2010 dont le célèbre morceau Grown Up qui l’a fait découvrir. Depuis il a tourné et collaboré avec les plus grands noms du hip-hop US, notamment Kendrick Lamar. Fort de sa voix nasillarde, reconnaissable entre mille, ses flows étranges et ses paroles déjantés. De XXX en 2011 jusqu’à son puissant album, Atrocity Exhibition, Danny n’a cessé de se renouveler.

De l’autre, le new yorkais JPEGMAFIA, ancien militaire accro au sampling, sort au début de nombreuses mixtapes sous le nom de Devon Hendryx. Il gagne en popularité en 2018 à la sortie de son premier album, Veteran sous son nouveau nom, JPEGMAFIA. Embrassant une esthétique moderne remplie de références musicales,  de jeux vidéo et d’internet. Il enchaîne avec dextérité sur All My Heroes Are Cornballs (2019) et l’incroyable LP ! (2021) par des productions et paroles aussi énervées qu’incisives.

Il est peu dire que cet album collaboratif était attendu des fans d’hip-hop américain. Le résultat n’a certainement pas déçu.

rock’N’Roll IS DEAD

Pas le temps d’attendre sur Lean Beef Patty, premier single du projet, commençant sur une insulte à Elon Musk. Le sample déstructuré puis le beat brutal arrive pour que la magie opère. Le mix extrême du morceau à tendance à engloutir la voix de Danny Brown qui en réaction au critique a été modifié sur ce titre.

Les sons électroniques de Steppa Pig emportent la même énergie que garde la voix de Brown. L’instrumental mélange samples et sonorités futuristes, ne nous laissent pas de répit et semble encore améliorer la palette artistique de JPEGMAFIA. Le morceau titre fait ce qu’il prévenait en installant un malaise par son saxophone dérangé. Les bruits de mains et les cris s’ajoutent à la folie des deux rappeurs, embrassant musicalement l’insanité par leur vision sarcastique de leur propre musique.

Changement d’ambiance avec des samples toujours plus surprenants sur un rythme soutenu où Brown se moque de l’état du rap actuel. Coup de génie, le break du morceau devient un solo de guitare enragée, transition du couplet énervée et rapide de JPEGMAFIA. Le mélange des genres entre hip-hop old-school, énergie punk et sonorités rock détonne et fascine. Sans répit, Fentanyl Tester repart sur des sons futuristes similaires à Steppa Pig. A l’instar d’une course de relai, JPEGMAFIA passe son énergie à Danny qui sort un couplet des plus hargneux, prenant le pas sur ce dernier.

ain’t IT FUNNY

Si le projet était éreintant autant que gratifiant, Burfict ! devient le premier grand moment festif du projet. Ce morceau au pouvoir addictif aurait pu être un single grâce a ses trompettes triomphantes ou Brown débite ses paroles avec joie. En orbite, la connexion avec JPEGMAFIA est magique lors de sa glorieuse apparition. L’instrumental se fait d’autant plus épique, sortant un des meilleurs flows du projet pour revenir sur le refrain entrainant de Brown.

On retrouve la même énergie, plus déstructuré, sur Shut Yo Bitch Ass Up / Muddy Waters. Ce double titre laisse chacun des rappeurs son moment lié par la reprise du même sample. La force d’adaptation des MC’s aux sonorités devient l’une des marques de fabrique de la réussite du projet. Bien différent, Orange Juice Jones reprend l’instrumentale de Dear Michael de Michael Jackson pour un résultat plus sensuel. Pourtant, ils restent sur la même cadence contrastant avec la voix douce les accompagnant.

A la manière d’un morceau de trap classique, Kingdom Hearts Key débute avec l’enchainement du duo. Un invité finale, le jeune redveil finit en beauté ce moment enchanté et magique. Sur une lancée spirituelle, God Loves You utilise des chants de gospel en un beat de rap entrainant. Encore une idée brillante de production de JPEGMAFIA mais Brown n’est pas en reste avec ses paroles suggestives plus qu’hilarantes.

end credits!

L’interlude insensé Run the Jewels, référence au groupe de rap américain, débute avec Peggy sur un saxophone anormal. La mélodie se transforme ensuite dans des sonorités démentes à l’arrivée de Danny Brown. Plus calme et mélancolique, Jack Harlow Combo Meal est un moment de sérénité sans perdre la vitalité du projet (même avec un titre aussi absurde). Variante à l’ancienne avec HOE (Heaven on Earth) qui reprend des samples de gospel. Ajoutant des sonorités proches de l’orgue, il comporte son lot de moments marquants, notamment celui ou JPEGMAFIA chante.

En guise de conclusion, Where Ya Get Ya Coke From ? débute sur des grosses basses explosives se transformant en musique tribale. La performance de JPEGMAFIA devient de plus en plus nerveuse et Brown semble combattre l’instrumental déchaîné.

SCARING THE HOES se finit dans le chaos initial du projet, nous laissant lessivé et excité. Comme toujours chez JPEGMAFIA, il désarçonne pour mieux nous captiver au fil des écoutes. En somme, un nouveau projet addictif auquel Danny Brown ajoute son grain de folie communicatif. En espérant que cette collaboration continuera un moment.

SCARING THE HOES

par JPEGMAFIA & Danny Brown

9
sur 10

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