Pour la tournée de leur dernier album, Forever Howlong, Black Country New Road offre un show tout en douceur dans la région lyonnaise.
L’ENDROIT OU ILS ONT INSERE LA LAME
Cela fait depuis 2021 que ce groupe britannique fait parler de lui. La première fois en jouant avec les codes du rock, For the first time, se lançant par le titre bien nommé Instrumental. Ce morceau se développant sur 5 minutes explorait déjà tout le savoir du groupe : divers instruments au service d’une cohésion, développant une attente, atteignant une conclusion sous forme de tension explosive.
La voix d’Isaac Wood devint une empreinte durable sur Black Country, New Road. Connu non seulement pour leur style musical mais surtout pour la mélancolie chaotique de son chanteur. Cela se confirma sur le second album, Ants From Up There. Révélation pour un public plus large par la finesse d’exécution et des textes encore plus personnels. Le groupe pouvait dès lors s’envoler et partir en tournée.
Malheureusement, Isaac ne supporta pas la notoriété grandissante du groupe. Dû à son anxiété sociale, il décida de quitter le groupe. Coup de choc pour ce jeune collectif encore en développement. Comment faire lorsque le membre fondateur n’est plus là ? Faut-il continuer, se renouveler, arrêter ?
et après ?
Le choix a été rapide car un an après, Black Country, New Road sortit un album : Live At Bush Hall qui rassura quant à la direction que prenait le groupe. Mais depuis plus de nouvelles… jusqu’à 2025 et la sortie d’un album studio sous le nom de Forever Howlong.
Avec ce nouvel album, le groupe garde sa cohérence musicale mais troque la mélancolie pour le bonheur de l’amitié. Fondement de l’équipe réactualisé de Black Country, New Road. Serait-ce naïf ou simplement une longue et complexe transformation vers une forme de sérénité ? C’est ce que cette tournée nous révèle.
L’annonce d’un passage à l’Epicerie Moderne a ramené les fans déçus de la précédente tournée annulée. Annoncé complet, le public est venu tôt pour être aux premières loges de la bande britannique. Découvrant en première partie les très énergiques Westside Cowboy.
Dans la veine indie rock, le groupe se débrouille avec succès sur scène. Le quatuor a rapidement conquis le public par leur présence et la voix puissante de la chanteuse. Plus les morceaux s’enchaînent, plus l’atmosphère se développe dans une salle progressivement remplie. Westside Cowboy conclu par un chant groupé au milieu de la scène, rappelant le rock indé des années 2000 type Arcade Fire.
pour toujours ?
Peu originale mais une efficace entrée en matière, Black Country New Road vient poursuivre avec délicatesse les sonorités rock de Westside Cowboy. Débutant avec entrain sur Happy Birthday, Black Country, New Road impose sa cohésion de groupe. Dorénavant composé de 6 membres :
Tyler Hyde (guitare basse, chant) – Georgia Ellery (violon, mandoline, chant) – May Kershaw (piano, chant) – Lewis Evans (saxophone, flute traversière, chant) – Charlie Wayne (batterie, banjo) – Luke Mark (guitare). C’est Tyler qui lance le show, chantant avec insouciance jusqu’à l’acmé, regroupant les voix des autres chanteuses.

On ressent les liens amicaux et artistiques forts au sein du groupe continuant sur The Big Spin, mené par May au chant. Cette ballade intense est magnifiée par la voix de la chanteuse, qui, au fil des titres qu’elle chantera, sort du lot. Retour à Tyler sur Salem Sisters, accompagné par la batterie précise de Charlie et le doux saxophone de Lewis.
Changement d’ambiance sur Two Horses et de chanteuse avec Georgia Ellery. Commençant doucement à travers un récit amoureux ambigu, le titre culmine en une montée en puissance des instruments. Ici réside la magie fragile de cette réactualisation de Black Country, New Road. Cela se démontre avec Mary, chantée par Tyler jusqu’à ce que May et Georgia la rejoignent. Accompagnée par une flûte lui donnant une aura particulière.
Nancy Tries to Take the Night poursuit cette atmosphère entêtante lorsque la mélodie répétitive prend de l’ampleur. Court aparté mystique avec May sur Forever Howlong et ses vocalises transcendantales revenant avec Besties à une musique plus directe et dansante.
POUR COMBIEN DE TEMPS ?
Autre aparté avec une reprise enjouée de The Ballad of El Goodo par Tyler, étonnée de voir que le public lyonnais connaît mieux Big Star que celui britannique. Pour revenir au dernier album, Socks reprend la formule chamber folk gagnant en intensité malgré une certaine baisse de régime. Si le concert se poursuit de façon agréable sur Dancers et Goodbye (Don’t Tell Me), c’est avec le dernier titre que cet instant restera en mémoire.
Avant de laisser May conclure en beauté, Tyler nous remercie encore une fois et lance un message de paix pour le peuple palestinien. Déjà représenté par le drapeau placé devant le piano qu’utilise May, le groupe rappelle l’essentiel. Au sein de notre petit confort bourgeois, de se retrouver pour écouter une musique qui nous procure du bien-être, il faut et faudra toujours rappeler le sort de celles et ceux qui ne peuvent pas vivre décemment sur terre. Voici aussi le rôle d’un.e artiste : avoir une voix pour les personnes qui n’en ont pas.
Moment plus qu’approprié pour finir avec éclat sur l’exceptionnel For the Cold Country où les talents vocaux de May Kershaw resplendissent. Nous touchant une dernière fois avant que le groupe s’en aille avec un grand sourire. Espérant revoir le public lyonnais dans une salle comble comme celle du 26 octobre à Feyzin.
Setlist :
- Happy Birthday
- The Big Spin
- Salem Sisters
- Two Horses
- Mary
- Nancy Tries to Take the Night
- Forever Howlong
- Besties
- The Ballad of El Goodo [Big Star Reprise]
- Socks
- Dancers
- Goodbye (Don’t Tell Me)
- For the Cold Country


























