Pozzo Live a eu l’occasion de rencontrer grandson lors de son passage pour son concert au Trabendo à Paris le mardi 19 septembre. Il nous parle de I Love You, I’m Trying sorti en mai dernier et sur la composition de celui-ci.

Bonjour Jordan, comment vas tu ?

Je vais super bien, je suis très content et excité d’être de nouveau à Paris.

Comment se passe la tournée jusqu’à maintenant ?

C’est incroyable. Je me sens tellement chanceux de pouvoir faire une tournée comme celle-ci. Après la pandémie, j’ai fait des festivals et supporté pas mal de groupes. Je n’avais pas encore eu l’occasion d’établir une nouvelle connexion avec mes fans. Pour beaucoup, ça sera sûrement leur première expérience de voir grandson en live. Donc c’est génial pour le moment !

Cela fait cinq mois que ton nouvel album, I Love You, I’m Trying est sorti. C’est de loin ton travail le plus personnel et tu le partages avec tes fans. Est-ce que c’est libérateur de chanter ses chansons devant autant de personnes autant de soirs ?

Oui, je pense que c’est libérateur d’être capable de faire ça devant un public sur ces choses aussi intimes de ma vie. C’est un moyen de se connecter aux autres aussi, parce que certaines personnes comprendront ce que je traverse. Cette tournée m’a rendu plus fort grâce à ça.

Cet album c’est un peu comme ton journal intime. Tu y parles de ta famille, de ta vie et de ta santé mentale. Pourquoi avoir décidé aujourd’hui de te livrer ?

Depuis que je fais de la musique en tant que grandson, j’essai d’être le plus honnête possible. Je voulais pas me sentir inauthentique. Quand j’ai essayé de travailler sur un album, c’était plus comme une collection de titre familier qu’on avait déjà fait. Je commençais à sentir que je ne faisais rien de vrai, j’avais juste l’impression de faire un travail. C’est de là que j’ai décidé d’entreprendre un album plus personnel. Des choses plus détaillées sur ma vie, de cette façon je savais que je donnais quelque chose à mes fans.

I Love You, I’m Trying est répété plusieurs fois. C’est le titre de l’album mais aussi une chanson et à la fin de l’intro on peut également entendre cette phrase. Qu’est-ce que cela signifie pour toi ?

C’est une phrase que je disais beaucoup aux autres quand j’essayais de trouver un équilibre dans ma vie. L’année dernière, j’ai joué une centaine de concert et je me battais encore avec ma santé mentale. J’avais besoin de dire aux autres qu’il fallait me pardonner quand j’étais au plus bas. Puis, avoir des gens qui t’aime de façon inconditionnelle, ça évite d’avoir à demander pardon quand on a pas l’énergie. Mais je n’avais pas confiance. Donc j’avais besoin de leur dire, que la raison pour laquelle je n’étais pas là pour eux, n’avait rien à voir avec l’amour que je leur porte. De cette exaspération, aussi parce que j’étais dur avec moi, j’avais besoin d’utiliser cette phrase unique et forte pour cet album.

Par rapport à la pochette de l’album, tu dirais que c’est une façon de dire que tu ne veux pas disparaître et que tu as besoin de te montrer ?

Oui, il y a des thèmes comme la disparition qui reviennent sur l’album. La pochette est une métaphore, c’est mon interprétation. La photo a été prise en Europe l’année dernière pendant la tournée. Pour moi il y avait une forte connexion entre ma tournée et le nouvel album. J’aimais l’idée de construire un univers loin de Los Angeles où je composais l’album.

Sur Eulogy, tu te questionnes au sujet de la présence sur les réseaux sociaux et de la réalité de la vie. Tu as décidé d’être honnête et vrai sur ce titre. Comment as-tu commencé à l’écrire ?

Cette chanson m’est venu assez vite l’année dernière. Quand j’étais chez moi entre la tournée et l’enregistrement avec mes producteurs au studio, je me suis senti mal. L’éloge permet de se rappeler une personne disparu, de raconter ces histoires pour que ce soit éternel dans un sens. Je l’ai écrit assez vite et quand les choses peuvent se faire aussi rapidement c’était d’autant plus intéressant.

Tu parles de l’industrie musicale notamment dans Murderer, tu dirais que c’est difficile d’être un artiste aujourd’hui ?

Oui assez. Certains artistes aiment la façon dont leurs responsabilités ont changé. La démocratisation de l’expression dans la musique est plus que positive. Je pense qu’il y a plus d’originalité et de créativité. Il y a le marketing aussi, pour la promo et la communication, les artistes doivent être capables de montrer tous les aspects de leur personnalité. Certains sont moins à l’aise avec l’idée de partager leur vie, de se montrer devant la caméra. Je dirais que je suis entre les deux. J’aime le fait d’avoir une connexion avec mes fans, je me prends pas au sérieux. Mais quand je le suis, ça devient plus compliqué de parler. Je pense qu’on peut utiliser notre art pour donner du sens aux choses plus dures même si on est artistes.

Chaque titre est différent et on peut sentir tes inspirations. On apprécie autant les moments calmes comme les plus énergiques, je pense notamment à When The Bomb Goes. Peux-tu m’en dire plus sur la composition musicale de cet album ?

C’était un vrai challenge de trouver un équilibre à travers toutes les chansons. J’ai commencé par l’écriture, puis j’ai fait des recherches avec différents sons. J’avais déjà pas mal de choses de tous les côtés. Alors j’ai choisi de finir les chansons dont j’avais terminé l’écriture. Eulogy a été l’une des premières chansons que j’ai composé en entier. Ensuite, je suis revenu sur d’anciennes chansons que j’avais écrit. Je voulais que l’album soit moins cinématique avec d’énorme sons de batterie. Je voulais que ça sonne plus petit, organique et intime. On a commencé à chercher de nouveaux sons. C’était un challenge un peu long d’applique ces sons à tous les morceaux. Mais une fois qu’on a trouvé, c’est tellement satisfaisant de voir que tout se rassemblait.

Tu voulais te détacher de tes influences pour trouver un style qui t’appartenait dans un sens ?

Oui. Surtout quand on a l’occasion de travailler avec d’autres personnes. Parce que chacun amène son univers. J’adore travailler avec les autres qui m’aident à raconter mon histoire. Mais en sollicitant d’autres artistes, c’est aussi un risque de perdre ce qui fait de toi qui tu es. J’ai toujours été fan des musiques alternatives et pas seulement le rock. Avec le premier album, je me rattachais à ces genres musicaux comme certains fans. J’en suis très fier et dans un sens ça me donne envie de revenir avec un album encore plus rock.

Tu as fait les choses différemment lors de l’enregistrement de l’album au studio ?

Oui, j’ai amené des personnes avec qui je n’avais jamais travaillé encore dont un producteur qui s’appelle Bun. Il connaissait ma musique depuis longtemps. J’ai travaillé à nouveau avec des collaborateurs comme Mike Shinoda. Aussi, c’est la première fois que je faisais l’album dans un seul et même endroit. Les gens allaient et venaient dans cet espace que l’on a fait. Je le referais certainement car c’était cool.

C’est vrai que tu as travaillé avec pas mal d’artistes. Tu as fait des featuring avec Tom Morello, Travis Baker et d’autres. On peut espérer une nouvelle collaboration avec Mike Shinoda ?

Oui complétement ! Je sais que Mike travaille sur de nouvelles musiques. Je suis impatient de voir ça, il donne tellement de choses au monde. C’est arrivé que l’on se retrouve dans les mêmes villes. Mike est monté sur scène avec moi pour jouer des titres qu’on avait travaillé ensemble. C’était vraiment un moment spécial.

Il y a une chanson dont tu es le plus fier sur cet album ?

En fait, il y en a plusieurs. J’aime beaucoup Heather et la façon dont cette chanson signifie beaucoup pour mes fans. J’aime énormément l’énergie sur Drones. Mais je suis aussi fier de ma vulnérabilité quand j’ai écrit Something To Hide à propos de ma famille et de Murderer au sujet de l’industrie musicale. Ce sont des choses dont je n’avais jamais parlé. C’est facile de tomber dans la zone de confort et de parler de sujets dont on a l’habitude. Je me suis sentie plus nerveux de jouer Something To Hide devant ma famille que je l’étais l’année dernière quand j’ai joué devant des milliers de personnes.

Qu’est-ce que tu écoutais pendant que tu composais ?

J’écoutais beaucoup de choses différentes. Beaucoup de hip-hop dont les artistes font des musiques avec différents styles musicaux comme Kenzel Curry ou Kenny Mason. Mais aussi des artistes plus rock comme Turnstile ou Sleep Token. Des groupes qui ne sont pas conventionnels. Comme Bring Me The Horizon, que j’ai suivi sur leur tournée et qui m’ont beaucoup influencés en terminant l’album. Leurs chansons sont toutes différentes et la façon dont ils prennent le risque de créer encore plus de choses pour leurs fans. C’est très inspirant.

C’est ce que tu voudrais, créer une plus grosse communauté avec tes fans ?

Oui je dois me rattraper parce que j’ai été référencé comme un artiste de niche. Donc j’ai fait un album de niche et je suis très fier de ça. Mais avec cet album cela montre quel genre de lien, de monde je veux créer.

On pourrait presque faire un film avec tout ça, tu penses faire d’autres vidéos pour cet album ? Peut-être comme ce que tu avais fait pour Death Of An Optimist ?

C’était cool comme expérience d’essayer de faire un documentaire. Je pense que la pandémie, le manque de concerts et de performances m’ont poussé à faire ce projet ambitieux. Je sais pas si j’aurais le temps de refaire ça. Mais quand j’écris, j’espère que ça inspire des artistes de tout horizon. Quand ils font des films, des dessins, des peintures. J’adorerais faire des musiques dédier à un film ça serait une super opportunité.

Si tu devais choisir un artiste avec qui tu souhaiterais travailler ?

Je pense que je choisirais un producteur comme Skrillex. Il a tellement d’influences et de styles différents, ça serait cool de voir ce qu’il peut apporter à ma musique.

Quels artistes ou groupes tu nous recommanderais d’interviewer ?

Bonne question ! Je pense à mon amie K.Flay qui va sortir un nouvel album. C’est une personne très généreuse qui a de superbes histoires à raconter.

Découvrez le live report de son passage au Trabendo ici !

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