New Favourite, ou la rencontre du Lowtuned Rock. Dit autrement, la lourdeur d’un groupe de hardcore et l’énergie du rock classique, appuyé par un accordage très bas. On retrouve Alex Diaz (The Prestige) à la guitare, Aurélien à la batterie, Pierre (As We Draw) à la basse, et tout ce beau monde derrière le micro. Le groupe a sorti son premier EP digital le 20 Mars chez Bloodblast. L’occasion d’une belle discussion avec Alex, sourire jusqu’aux oreilles, pour parler de tout ça.

Pozzo Live : Bonjour et merci de nous accorder cette interview !

Alex : Ça me fait plaisir, ça fait du bien de parler à des gens ! Je suis tout seul confiné à la campagne, et je ne croise personne !

Pozzo Live : Avant de commencer, tu me disais que tu avais toi aussi interviewé des groupes ?

Alex : J’ai été traducteur dans l’émission Bring the Noise sur Ouï FM. J’accompagnais Pierre, puis ensuite Aurélie, sur les traductions de leurs interviews et je faisais partie de l’équipe le dimanche soir.

Pozzo Live : Qu’est-ce que ça fait de passer de l’autre côté du micro ?

Alex : C’est cool ! Plein de gens se disent que la promo c’est chiant. Oui c’est chiant, mais en fait c’est trop cool ! Je peux comprendre que tu en as marre quand tu ne fais que ça de tes journées, quand tu es en tournée. Mais je trouve ça tellement bien d’avoir l’opportunité de parler d’un EP sur lequel tu as travaillé, tu as passé du temps, et d’essayer de le défendre… Je trouve ça super gratifiant !

New Favourite Alex

Alex (à droite) pendant l’interview Skype

Pozzo Live : Alors votre groupe s’est formé sur un Paris en République Tchèque. Tu peux nous raconter cette histoire folle ?

Alex : Aurélien et moi sommes potes depuis plus de 10 ans. On a toujours joué dans des groupes séparés, et on se croisait sur des dates ou des concerts. On a des influences en commun, mais on n’était jamais dit « Tiens, allez, on va monter un groupe ». Et un jour, on était au Hardcore Café à Ostrava, chacun en tournée avec nos groupes respectifs. Après le show, j’avais un coup dans le nez et je lui dit « Quand on revient à Paris, on se voit, on fait un groupe ». On est rentrés à Paris, et un an après le temps de tout mettre en place, on jouait ensemble !

A l’origine on devait faire du Interpol, je crois que ça a un peu dévié du projet initial (rires), mais pour autant c’est une super aventure. On a été rejoints par Maxime à la basse, qui a fait la fin de la compo et l’enregistrement, et maintenant on est avec Pierre, ex-As we Draw.

Pozzo Live : Pourquoi le nom New Favourite ?

Alex : C’est une blague ! Quand on est rentrés en studio, on n’avait pas de nom. En rigolant, je me suis dit que je pouvais le vendre en disant « This is your new favourite band. » J’ai créé un profil Instagram qui disait ça, en disant à tout le monde que j’étais en studio avec « This is your new favourite band ». C’est devenu une blague, c’est resté comme ça le temps du studio, et quand on a cherché un nom plus sérieux, on a juste coupé pour garder New Favourite. Ca nous fait marrer, on aime bien !

Pozzo Live : Et aujourd’hui vous sortez votre premier EP. Quel sentiment ça vous fait de mettre de la musique sur support physique ?

Alex :  Il n’y a pas de physique encore, on va essayer de le sortir en édition très limitée cet été, mais on reste concentrés sur le digital parce que justement c’est une première sortie. De toute façon, les gens écoutent plus en digital, et je pense que c’est le genre de musique qui se consomme mieux en digital que sur vinyle. On sort du bois oui, et c’est à la fois super excitant, mais aussi très frustrant car on sort à un moment où c’est très difficile de pouvoir le défendre. L’EP a été écrit il y a 18 mois, enregistré il y a un an… C’est frustrant d’avoir attendu autant et de ne pas pouvoir le défendre sur scène. Mais c’est super excitant car on a beaucoup de retours positifs, après les premiers retours de nos amis, et ça fait plaisir que les gens puissent enfin découvrir ce que c’est que ce groupe.

New Favourite Rencontre

Pozzo Live : Tu mentionnais un vinyle. Tu es plutôt team physique ou team digital ?

Alex : Je suis 100% physique. Je n’ai pas de compte Spotify, Deezer, j’écoute encore à l’ancienne. J’utilise Spotify uniquement quand on me parle d’un artiste, donc j’ai le compte de base avec les pubs, tu vois. J’écoute quand même un peu YouTube, mais je suis surtout sur les vinyles. Les CDs aussi, que je recommence à acheter car ça coûte moins cher qu’un vinyle. Je trouve ça tellement agréable de mettre un disque sur une platine et d’écouter un album dans son intégralité, plutôt que d’écouter une chanson et de passer à autre chose parce que c’est une playlist… j’ai horreur des playlists !

Pozzo Live : Le plaisir de l’objet physique, ça compte ?

Alex : C’est sûr ! J’ai grandi dans les années 90-2000, et c’était un vrai plaisir d’ouvrir un livret avec plein de pages, de lire les paroles, essayer de comprendre où il allait… Par exemple l’album « Adrénaline » des Deftones, j’ai toujours pensé que l’artwork montrait une poterie, alors qu’un fait c’est une poire à lavement (rires). On a la chance de faire un métier où la musique peut être accompagnée par le visuel, que ce soit à l’achat ou en concert, et je pense que tout ça fait partie de la musique.

Pozzo Live : Y-a-t-il un thème directeur dans l’EP ?

Alex : Non. Ce sont des chansons qui ont chacune leur personnalité, qui parlent chacune d’une chose. Elles parlent de ma vie, avec ses joies, ses peines, ses difficulités, mais sous un angle positif. Je joue également dans The Prestige, un groupe de hardcore chaotique, où c’est l’inverse, on essaie de sortir les émotions négatives. Avec New Favourite, on est sur du positif : oui on passe un moment difficile, mais il va s’arrêter, et on va pouvoir à nouveau profiter. Notre musique, c’est parler du décès de quelqu’un et se dire que ce n’est pas grave, elle est décédée mais émancipe-toi de ça pour devenir une meilleure personne, et avec tes peurs et tes doutes tu peux devenir quelqu’un de meilleur. On vieillit tous, on est tous le vieux con de quelqu’un, mais ça n’est pas grave : il faut l’accepter. J’essaie de me nourrir de toutes les imperfections de nos vies en me disant qu’on peut aller vers quelque chose de plus positif.

Pozzo Live : Tu parlais de The Prestige. Aurélien et Pierre également jouent dans un autre groupe. Qu’est-ce qui diffère dans l’intention de New Favourite ?

Alex : En parlant pour moi, c’est la spontanéité. New Favourite, c’est un groupe où tout est fait très rapidement et spontanément. Quand on est entrés en studio pour enregistrer les 5 chansons, on n’avait fait que 5 répétitions avant. On avait composé chaque morceau en une répétition, et on ne s’est pas posé de question. On a réservé le studio et on a enregistré comme ça. Même quand on compose, on va jouer un riff, on le joue 2 fois, 10 fois, mais s’il ne nous plaît toujours pas à la 10ème fois et qu’on ne trouve rien, on jette. On ne cherche pas trop longtemps : ça sonne, ou ça ne sonne pas, on marche au coup de cœur. Cette grande différence, c’est qu’on ne cherche pas à savoir si ce qu’on fait va apporter quelque chose au groupe. On le fait si on a envie de le faire : si c’est le rock c’est cool, si c’est pas le rock, on ne le fait pas.

Pozzo Live : Comment se répartissent les rôles quand vous écrivez ?

Alex : J’arrive avec des riffs, je trouve que c’est ce qui définit le rock : un riff qui marche et reste en tête. Autour des riffs, on compose ensemble. Moi je ne suis pas doué pour les refrains, je n’aime pas trop ça, mais ça fait partie du projet de faire des chansons qu’on puisse chanter dans des stades tous ensemble. Aurélien et Pierre par contre adorent les refrains de stade. Ces refrains très accrocheurs, c’est leur marque de fabrique, et ils équilibrent la chanson. J’apporte le côté brut, rock avec les riffs, Aurélien le côté plus pop et stade, et on mélange tout ça avec nos influences de hardcore, punk, métal qui donnent l’énergie à nos chansons. Si ça ne déroule pas on arrête, et sinon on a une chanson !

Pozzo Live : Vous avez d’autres titres en stock ?

Alex : Oui, on a 3 nouveaux titres déjà prêts, et les 2 derniers qui vont venir puisqu’on prévoit d’enregistrer un 2ème EP au mois d’août. Le but c’est d’aller vite, de faire les choses sans réfléchir, et juste de prendre du plaisir.

Pozzo Live : Vous avez prévu une tournée pour défendre le ou les EP ?

Alex : On avait des dates de prévues oui, mais maintenant c’est un peu compliqué ! Ca sera probablement après septembre maintenant… On n’avait pas tout annoncé, par exemple on devait participer au tremplin de la Nuit de l’Erdre, près de Nantes, mais il est annulé. On avait des dates à Paris, Caen, Nantes… on serre un peu les dents, on pense à nos amis techniciens et intermittents qui comptaient aussi sur ces dates, et on espère se voir au mois de septembre !

Pozzo Live : Vous avez déjà testé en live vos chansons ?

Alex : Effectivement, on en a testé deux nouvelles en novembre.

Pozzo Live : Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c’est que le Lowtuned Rock ?

Alex : C’est tout simple. A l’origine, le groupe n’avait pas de basse. On avait pensé à être un duo pour tout te dire. Le problème, c’est que guitare + batterie ça manque de basse. J’ai l’habitude de jouer avec un octaveur, mais je m’étais dit que ça ne marche pas tout le temps. Donc j’ai carrément désaccordé ma première corde en plus de m’accorder bas (en sol dièse), de manière à faire l’octave de la seconde. C’est comme si tu avais une guitare et une basse qui jouaient en même temps, un peu comme sur une 7 cordes. C’est resté un peu le son du groupe, avec aussi un octaveur pour compenser. Ca donne ce côté un peu lourd, stoner, mais la base est un peu medium, un peu rock incisive, donc ça apporte un équilibre de toutes ces influences.

Pozzo Live : Une autre particularité : vous êtes tous au chant. Pourquoi ?

Alex : Déjà parce que c’est cool de chanter tous ensemble, ça fait du bien ! Ça enrichit beaucoup les parties refrains qui pourraient être lassantes sinon, et puis on n’a pas envie d’être en live et d’avoir des playbacks derrière nous. Ça fait partie de la démarche de se dire qu’on peut tous chanter. On n’a pas forcément le niveau pour chanter ce qu’on chante (rires), mais on le fait à fond, on travaille, et c’est une manière de montrer que si nous on peut le chanter, alors le public peut le chanter, avec nous. Ce n’est pas super technique, mais on veut donner aux gens l’envie de chanter avec nous, c’est vraiment notre démarche.

Pozzo Live : Donc le partage avec votre public est vraiment au cœur de votre démarche ?

Alex : Complètement ! C’est un groupe où on se fait plaisir, où on cherche à faire plaisir aux gens, par le biais que nous même on kiffe ce qu’on fait.

Pozzo Live : Comment vous comptez tenir sur le long terme ? Vous avez pris des cours de chant ?

Alex : Non non ! J’ai pris des cours de chant quand j’étais plus jeune, mais ça n’a pas duré longtemps. On apprend comme ça, des fois on se fait mal à la voix mais ça fait partie du jeu aussi !

Pozzo Live : Quelles sont vos influences, au-delà de la musique ? Ciné, littérature, art ?

Alex : Musicalement, pour moi, c’est le blues qui m’a amené au rock. On retrouve le riff : John Lee Hooker, “Boom Boom”, les Blues Brothers… Plus tard j’ai découvert le punk, le nu metal avec lequel j’ai grandi : Deftones, Slipknot, System of a Down… Le grunge m’a énormément marqué, Nirvana a été un des premiers groupes qui m’a vraiment laissé sur le cul. Il y a tout ça, et puis à côté j’aime beaucoup les musiques latines, le sludge, le doom, le garage… Au-delà de la musique, et je pense que c’est presque plus important, on a tous les trois un amour de la pop culture : les films des années 90, Star Wars dont on est tous les trois des grands fans… Aurélien et Pierre me bassinent avec les citations des films des Inconnus, que j’ai découverts assez récemment, honte à moi ! (rires) On se parle en références de films tout le temps, on se fait des concours de citations… ce sont ces petits éléments qui font qu’on partage tous les trois un univers. Ca ne se traduit pas forcément dans les textes, mais en live oui, il y a quelques samples bien sentis !

Pozzo Live : Où est-ce qu’on peut aller vous écouter ?

Alex : En ce moment, c’est dur de nous écouter physiquement. Mais avec une distanciation sociale de au moins une connexion internet, vous pouvez nous écouter sur Spotify, Deezer, Napster, YouTube… tous les canaux digitaux ! L’EP est sorti le 20 mars.

Pozzo Live : Un live streaming serait envisageable ?

Alex : Envisageable oui… mais on est tous les trois éparpillés en France, donc un peu compliqué à réaliser, même si ça serait assez drôle !

Pozzo Live : Quel conseil donnerais-tu aux musiciens qui gratouillent et hésitent à se lancer dans l’aventure d’un groupe ?

Alex : Il faut se lancer ! On n’a rien à perdre, l’essentiel dans la musique c’est d’être honnête avec soi-même et avec les autres. Tu peux faire des choses, qui plairont ou pas, mais l’important c’est que ça te plaise à toi, sans essayer de plaire aux gens juste pour leur plaire. J’aime repenser à moi quand j’ai commencé la guitare, à quel point j’ai trouvé agréable de jouer un riff et de le vivre. C’est ça qui doit guider la création musicale : toujours prendre du plaisir, même si c’est compliqué parfois, et ne jamais renoncer. En musique on progresse toujours par étape, et dans un groupe c’est pareil. Tu commences, tu es dans l’excitation, et ça va retomber. Mais ce n’est pas grave, il faut l’accepter, et réussir à se faire plaisir, apprécier le moment, et se dire qu’il y aura d’autres moments après.

Il ne faut pas prendre de réflexes. J’aime bien cette anecdote de Jack White : quand il joue sur scène, il pose toujours son pedal board ou son micro 30cm plus loin que ce à quoi il s’attend, pour toujours être surpris par ce qui lui arrive, et rester dans une bataille. Autant quand tu composes tu as besoin de sécurité, autant en live l’honnêteté, le lâcher prise et le plaisir sont trois clés dans la création.

Pozzo Live : C’est notre dernière question, notre signature : qui devrait-on interroger après toi ?

Alex : Il te faudrait quelqu’un de décadent, comme Brigitte Fontaine. Quelqu’un qui dit des choses absolument absurdes, mais dans un temps d’absurdité comme on vit en ce moment ça pourrait prendre tout son sens.

Merci à Alex pour son sourire et sa bonne humeur communicatifs durant l’interview. Merci à l’agence Singularités d’avoir permis l’interview. New Favourite est sorti le 20 mars et peut s’écouter sur:

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