Le temps d’une soirée au Bataclan, nous sommes entrés dans les limbes musicales monstrueuses de Death Grips.

La salle comble attendait avec impatience le groupe qui n’était pas revenu depuis 2018 en France. Le trio était resté dans l’ombre depuis la sortie de Year of the Snitch, laissant présager une pause pour le groupe. En 2023, Death Grips annonce leur plus grande tournée en Europe et en Amérique : le luxe d’enfin pouvoir assister aux performances démentes d’un des groupes ayant bouleversé l’univers musical des années 2010 allait se concrétiser.

LES GARCONS PERDUS

De la rencontre entre deux californiens, Zach Hill (ancien batteur de math rock) et Stefan Burnett  (dit MC Ride) en  2010 naît le projet Death Grips. S’ajoute Andy Morin suivi de la sortie en 2011 de la mixtape, Exmilitary. À partir de là, l’histoire confuse et complexe du groupe commença, sortant avec gourmandise un nombre de projets bouleversant d’ingéniosité. Du rap industriel de The Money  Store (2012) au punk sur Botomless Pit (2016),  leur son évolua d’un hip-hop old school jusqu’au territoire hard rock

Impossible de catégoriser leur musique qui semble muter tout en restant aussi abrasive et destructrice qu’a leurs débuts. Cette recherche de sonorités non conventionnelles en fit rapidement un groupe culte qui, avare en interview, ont développé une aura autour d’une musique déconcertante.

LA FIEVRE

En pleine crise sociale en France, ce concert ne pouvait passer à côté de la colère qui s’est fait entendre au fil des chants anti-gouvernement avant l’arrivée du groupe sur scène. En quelques secondes, cette énergie communicative s’est transformé en puissance corporelle et physique dès l’introduction sur System Blower.

Le second (et fameux) titre, I’ve Seen Footage terminant d’enlever tout cardio ou souffle dans le corps de votre journaliste sur le terrain. Un problème technique mis en pause le concert, une hérésie vite arrangé pour repartir de plus belle. Si vous n’étiez pas déjà en sueur, Takyon ou Get Got on poursuivit la perte de contrôle de nos corps au sein des sons.

i’M IN YOUR AREA

Plus aucune pause, Steffan enchaina avec dextérité les classiques du groupe avec des titres plus méconnus. Par exemple, la force de Giving Bad People Good Ideas contrasté par la rythmique d’Anne Bonny. La fosse en transe forma un tourbillon de violence et de camaraderie qui ne s’arrêta qu’un moment après le dernier déchainement sur Hacker.

Ni bonjour ni au revoir, ni ruse ni tromperie, Death Grips mit le feu à un public en quête d’une certaine brutalité. Non déconnectée de la réalité, notre joie conviviale termina le concert par un chant contre la police. Les coups de batterie de Zach Hill, les râles de MC Ride où les sonorités déstructurées d’Andy Morin restent sans doute moins violents que celles de nos institutions.

Setlist :

  1. System Blower
  2. I’ve Seen Footage
  3. Spread Eagle Cross the Block
  4. I Break Mirrors With My Face in the United States
  5. Takyon (Death Yon)
  6. Get Got
  7. You Might Think He Loves You for Your Money but I Know What He Really Loves You for It’s Your Brand New Leopard Skin Pillbox Hat
  8. No Love
  9. Hustle Bones
  10. Blackjack
  11. BB Poison
  12. Inanimate Sensation
  13. Guillotine
  14. Death Grips is Online
  15. Giving Bad People Good Ideas
  16. Anne Bonny
  17. The Fever (Aye Aye)
  18. Have A Sad Cum BB
  19. Up My Sleeves
  20. Steroids Track A
  21. Steroid Tracks C
  22. Come Up And Get Me
  23. Bubbles Buried in This Jungle
  24. Lost Boys
  25. Black Paint
  26. Big House
  27. Lock Your Doors
  28. Death Grips 2.0 / Runway H
  29. Hacker

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