Reviews | Shaka Ponk - Shaka Ponk ou la fin d'un tout

Shaka Ponk

par Shaka Ponk

sur 10

Ruée dans les brancards pour les fans de Shaka Ponk. Fin d’année dernière, le groupe nous annonçait leur Ultime volume ! « Shaka Ponk » vient donc à priori ponctuer la carrière du célébrissime groupe de rock alternatif éponyme.

SHAKER PUNK

Shaka Ponk, c’est un groupe de rock formé en 2002 à partir de soirées entre potes. Issu initialement d’une sorte de blague puis de petits challenges entre amis, le groupe en temps que tel doit sa naissance à un cadeau d’un ami hackeur de la bande. Celui-ci produit un programme représentant un singe qui répond au nom de Goz. L’identité du groupe est née.

A la suite d’un incident technique, Fra se retrouve à chanter en lieu et place de Goz. Ils ne reviendront jamais en arrière pour notre plus grande joie. Depuis, Shaka Ponk est synonyme de réussite. EN 2014, ils sont nommés Chevaliers des arts et des lettres pour leur travail de textes.

Il faut dire que les sept artistes du groupe ( dont un virtuel ) ont un caractère bien trempé. Connu pour des shows à s’en péter un os (parfois littéralement), ils se donnent à fond pour leur public depuis maintenant 21 ans. Ayant choisi de mêler majoritairement français, anglais et espagnol, leurs compositions puisent dans le hardrock, punk rock, l’éléctro, la pop ou encore le funk. Avec un style aussi travaillé instrumentalement qu’à l’oral, il n’a pas fallu longtemps pour Shaka Ponk rencontre un succès fulgurant, d’autant plus sur la scène française.

THE FINAL ALBUM TOUR

Depuis quelques années, le ton déjà bien incendiaire de Shaka Ponk s’est vu devenir encore plus virulent que l’urgence climatique se rapproche. Au programme de ce nouvel album, écologie, politique et non-sens sont décriés sur base de mélange triglotte et de bend de guitare sortie des enfers.

« D’Essence » s’annonçait donc parfaitement tel un low kick balayette retournée dans la bouche sans l’ombre d’une salutation en amont. Toi qui voulait juste écouter pépère ton petit album de Shaka Ponk, te voilà interpelé sur l’incohérence de ton mode de vie moderne et égoïste face au réchauffement climatique. Sur une base guitare hurlante, tel un « pas de pierre = pas de palais » bien plus macabre, Frah nous renvoie dès le premier couplet à notre dépendance pétrolière. Et on en prendra pour notre grade tout comme les puissances pétrolières d’Orient sans une seule fois les nommer. Plus tard dans l’album, « Je m’avance » sonne comme une sorte de réminiscence du premier titre de l’album sur fond d’instru punk voir un peu Rammsteinienne sur les bords.

En tout cas, ce n’est pas le deuxième titre « De Alegria » qui va changer remonter le moral. Véritable plaidoyer contre la déconnexion des réseaux sociaux, le style se veut rock à première vue puis tourne en électro sur le pont. Shaka Ponk continue de s’en prendre à chacun coincé dans son petit confort pendant que la maison brûle, comme disait certains. Sans transition et dans un esprit bien plus rock, « Dad’Algorhythm » enfonce toujours plus le clou. Si le message n’était pas clair, vous voilà prévenus.

Plus calme, le titre pop « Il y a » radoucit un temps l’ambiance électrique de l’album. Le verbe y est toujours aussi dur sur un fond de piano et de violoncelle. De nouveau, on peut mettre ce titre en écho avec « De Alegria » mais cette fois le sujet vise plus la destruction et l’enfermement sous couvert de recherche d’une quelconque confiance en soi.

Dans un autre domaine mais toujours aussi réprobateur, « 13 000 heures » vient s’attaquer au système scolaire inadapté qui marginalise certains enfants qui ne rentrent pas dans des cases. Bien que très agressif dans les paroles, le message se veut d’espoir malgré tout, rappelant que tout n’est pas à jeter et que ce sont plus les conditions d’exercice qui pousse à l’aliénation plus que la mauvaise foi elle-même.

Un autre temps fort de l’album, c’est « Je ne danse pas ». Sorti en amont de l’album pour appâter le chalant déjà bien chaud de savoir un nouvel album de Shaka Ponk en préparation. Presque intégralement construit en anaphores, le rythme ultra répétitif renforce l’angoisse suscité par un fond de violons sorti d’un film catastrophe (qui aurait été parfait avec les chorus du dernier album de Mass Hysteria). De nouveau, tout le monde est interpelé et se reconnaît dans les textes.

A moindre mesure, on apprécie « Multiply » en grande partie en anglais, sur la prolifération de l’espèce humaine. Et « J’aime pas les gens » qui crache sur les mondanités.

Mais plutôt que de nous laisser tout pantois que nous sommes à la fin de cet argumentaire contre notre belle petite société, Shaka Ponk conclue par un chant plein d’espoir qu’est « Resign ». A l’inverse de ce que son titre pourrait suggérer, sur un genre bien plus rasséréné qui replace bien dans le pop rock, ce dernier album.

Tout comme on aurait l’impression de se faire engueuler par nos parents, Shaka Ponk vient nous secouer les puces une ultime fois afin de créer, si ce n’est pas déjà fait, un déclic sur la situation climatique actuelle. Tout le monde écope d’une part de responsabilités, qu’il s’agisse de l’enseignement, des politiques ou du comportement de l’humain lambda de société privilégiée comme la notre.

Mais dans sa grande oration, ils ne nous laissent pas seuls et tel l’excellentissime livre de Stéphane Eissel « Indignez-vous« , ils nous invitent à nous réveiller et agir. Un album bien plus à écouter en terme de paroles bien que l’instru soit comme à l’accoutumée, absolument folle !

TITRES DE L’ALBUM


1. D'Essence
2. Alegria
3. Dad'Algorhythm
4. 13000 Heures
5. J'aime pas les gens
6. Je m'avance
7. Il y a
8. Multiply
9. Tout le monde danse
10. Resign

THE FINAL ALBUM TOUR

Shaka Ponk propose beaucoup de choix pour les saluer à l’occasion de cette tournée finale ! Mais attention car les places partent vite et quelques grosses dates sont déjà en rupture de stock.