The End, So Far

par Slipknot

7.5
sur 10

Un nouvel album de Slipknot est toujours un évènement pour la scène métal. Bien que certains fans aient quitté le navire il y a déjà de nombreuses années, le groupe n’a pas peur de se renouveler et d’expérimenter. Parfois avec succès, parfois moins. The End, So Far sort trois ans après We Are Not Your Kind et possède le même line up resté stable depuis le remerciement polémique de Chris Fehn.

Qui dit nouvel album dit nouvelle identité visuelle. On se plaît à découvrir les nouveaux masques au fil des clips et des communiqués du groupe. Les masques de Corey Taylor ou de Sid Wilson notamment font toujours leur petit effet. La pochette, elle, est peut-être la moins réussie du groupe. Une peinture abstraite et des reflets laissent deviner un visage. Mais l’Histoire nous a appris à dissocier artwork et qualité musicale (coucou dance of death). Nous sommes ici avant tout pour parler musique : que vaut donc The End, So Far ?

Slipknot avec les nouveaux masques de The End, So Far

une intro originale

La première musique de l’album est une musique calme, et commence par une intro atmosphérique. Les habitués ne seront cependant pas déroutés puisque Slipknot commence souvent par une entrée en matière progressive pour déboucher sur un deuxième morceau violent à souhait. Ceci étant, ce premier morceau est plus long que sur les albums précédents. Et bien moins sombre aussi. Déjà, on sent que le mix est vraiment réussi. Chaque son, chaque instrument possède sa place dans cette piste très riche.

la branlée slipknot

Comme on s’y attend, les morceaux plus violents sont situés ensuite. L’atmosphère de The Dying Song (Time To Sing) sonne très Grey Chapter par ses riffs, mais tient aussi de WANYK au niveau de ses refrains chantés. Yen aussi évolue dans cette ambiance inspirée d’anciens albums, quelque-part entre vol.3 et .5. Le morceau est dense. On a droit à un solo de scratch, à des cloches, à un break bien violent, et il y a globalement beaucoup de choses à assimiler sur la bande.

The Chapeltown Rag est par contre plus orienté Slipknot old school avec sa vitesse démente et les hurlements déchainés de Corey. Les refrains chantés nous rappellent cependant que le groupe a depuis évolué, et le résultat est franchement convaincant ! On retrouve aussi les percussions furieuses qui font l’identité du groupe et ce délicieux son de tonneau métallique dans Hive Mind. Encore une fois, les refrains sont chantés, mais sans casser la dynamique de la musique qui reste d’une parfaite violence. On a envie d’hurler « Protect the Hive ! » en coeur.

Warranty achève cette montée en violence par son apogée. Ici plus de refrain chanté. Place à la batterie débridée de Jay Weinberg, toujours aussi impressionnant et mis à l’honneur. Les riffs acérés sont, eux aussi, à leur paroxysme. « Isn’t this what you came here for ? » semble tout droit adressé fans de la première heure.

les expérimentations

Cette première moitié de The End, So Far en six morceaux nous offre un condensé de ce que Slipknot sait faire, dans toute sa violence. On retrouve des éléments sonores et des compositions qui sont familières à l’univers Slipknot, balayant l’ensemble de la discographie. Et, comme si la checklist avait été remplie, le groupe se permet plus d’expérimentations dans la seconde partie de l’album.

Place aux expérimentations donc. À partir de Acidic, on a affaire à des morceaux qui explorent d’autres horizons. Celui-ci est assez bluesy, et finalement une assez bonne surprise. Le rythme est lent et pose l’album après la branlée des premiers morceaux.

La surprise viendra finalement surtout des deux dernières musiques : De Sade et Finale. De Sade est la musique qui met le plus à l’honneur le travail sur les guitares, entre nappes planantes, riffs entraînants et solos réussis. Une fin de musique plus énervée pour garder notre attention et nous voilà déjà sur la dernière musique de cet album.

Finale est le point d’orgue épique de l’album. Progressif, orchestral, on ne s’attendait pas à ce morceau. On ne finit pas sur un banger comme l’était Solway Firth, mais c’est sans regret. Une agréable surprise pour finir tout en douceur et en mélancolie.

quel bilan ?

The End, So Far est un bon vin qui se bonifie au fil des écoutes, on se plaît à s’attarder sur ces trouvailles sonores. Le travail sur le mix est remarquable et on apprécie l’écouter à fond dans un bon casque en headbangant. Cependant, le milieu forme un ventre mou et malgré ce Finale épique, on regrette un peu la branlée du début.

Bien que proche de ce qu’on connaît déjà du groupe, The Chapeltown Rag et Hive Mind apportent leur lot de trouvailles au milieu de la bataille. On s’en délecte et on regrette ensuite les titres moins réussis comme Heirloom, groovy mais qui n’apporte pas grand-chose.

Concluons : Slipknot n’a pas perdu de sa superbe. Tous les musiciens sont plus en forme que jamais. Corey nous hurle sa misanthropie au visage, Jay est au sommet de son art. Mais on sent une envie d’évoluer, d’expérimenter. Et finalement, on se retrouve avec ce The End, So Far assez déséquilibré. Alors, si cet album est peut-être un des moins marquants de la carrière du groupe, il reste la plus belle synthèse de toutes les ambiances développées au fil de la discographie.

Puisque cet album est le dernier chez Roadrunners Record, on ne peut qu’attendre de découvrir ce que le groupe nous réserve par la suite. Et bien-sûr qu’on ira encore amoureusement voir Slipknot en concert, qui reste aujourd’hui une des plus grosses branlées live qui existent !

Si vous avez aimé cette review de The End, So Far, jetez un œil à celle d’Euthanasia, dernier album de Stray From The Path qui nous a mis une bonne claque. Et restez informés de toute l’actualité musicale sur Pozzo Live !

The End, So Far

par Slipknot

7.5
sur 10

Vous allez aimer !