A Wonderful Life

par Mushroomhead

8
sur 10

On l’a attendu, on a prié pour qu’il arrive vite, on a aussi beaucoup stressé face aux teasers… A Wonderful Life, 8ème album studio de Mushroomhead, a débarqué ce 19 juin 2020 et il y a beaucoup de choses à dire.

Nouveaux membres, nouveaux masques, nouveau label, A Wonderful Life arrive 6 longues années après la sortie de The Righteous and The Butterfly, cet album qui nous a mis une claque à sa sortie avec Qwerty. Le teaser a démarré en avril dernier avec Seen it All. On y découvre enfin la nouvelle composition du groupe et notamment son nouveau chanteur : Steve Rauckhorst.

Le turnover chez Mushroomhead nécessiterait un article complet – je ne m’attarderai donc pas dessus – mais voici ce qu’il faut retenir sur la nouvelle situation :

  • départ du grand Jeffrey Hatrix (Nothing), chanteur originel, remplacé par Steve Rauckhorst,
  • absence inexpliquée de Tom Schmitz (Schmotz – claviériste originel) qui n’est pas réellement remplacé,
  • remplacement de Tommy Church (guitariste) par Tommy Shaffner (Tankx),
  • titularisation de Jackie LaPonza, 3ème vocaliste du groupe et leader du groupe Unsaid fate, présente depuis 2014 en tournée avec Mushroomhead et sur le morceau We Are the Truth, entre autres.

a wonderful life mushroomhead

Tout ça mis ensemble, ça fait un peu peur. Schmotz et Nothing étant un peu l’âme du groupe. Sauf que… Mushroomhead nous surprendra toujours. Et ça commence avec Seen it All, ce morceau taillé pour la radio. On réalise alors très vite que le choix de Rauckhorst est le pari gagné du groupe. Non seulement il est capable d’avoir le même timbre que Nothing, mais en plus de ça : il est également capable de chanter sur le même ton qu’un certain Waylon Ravis (autre vocaliste qui a quitté le groupe en 2015) mais aussi d’avoir sa propre voix ! Et qu’est ce qu’elle passe bien !

Puis c’est The Heresy qui débarque début juin et c’est au tour de Jackie LaPonza de faire ses preuves en duo avec J Mann. Ce morceau est un concentré de nostalgie : J Mann est maquillé à l’ancienne (#SunDoesntRise), on est sur quelque chose de simple musicalement mais avec une esthétique de dingue et la voix de Jackie est géniale. C’est ultra creepy, c’est Mushroomhead. La petite surprise : on a quand même du clavier malgré l’absence de Schmotz !

A Wonderful Life

8ème album studio, 17 titres, 1h10, A Wonderful Life est le premier album de Mushroomhead produit par Napalm Records. Un nouveau label qui permet enfin au groupe de réellement faire son entrée en Europe après pourtant 27 ans de carrière outre atlantique principalement sous le label Megaforce Records. Mushroomhead réapparait donc sur la scène internationale via cet album et c’est un gros point qu’il ne faut pas négliger.

Fidèles à eux-mêmes, Mushroomhead nous balancent un album post-apocalyptique teinté d’ironie. Mise à part la thématique principale des morceaux (« on va crever et c’est notre faute, viens pas pleurer »), A Wonderful Life est totalement hétérogène, c’est un buffet musical.

On démarre avec Reqiuem for Tomorrow et son intro ecclésiastique. Oui Reqiuem, avec une faute d’orthographe. Tu la sens l’ironie ? Différents styles vont se mêler tout au long de l’album :

  • du groove metal à la limite du cabaret sur Madness Within,
  • un bon vieux nu metal sur Seen It All, The Heresy, What a Shame, Sound of Destruction,
  • une touche de metal industriel sur Reqiuem for Tomorrow, Pulse, Carry On, The Time Has Come, I am the One, To the Front,
  • du metal alternatif sur 11th Hour, The Flood, Another Ghost,
  • et du metal gothique sur Where the End Begins.

Le tout mêlé de sonorités électroniques, sans parler des trois interludes dont deux faits exclusivement de chants ecclésiastiques apocalyptiques (Confutatis et Lacrimosa), composés par le bassiste.

5 styles sur un seul album.

Je ne te le cache pas, j’ai mis beaucoup de temps à écouter cet album, à me l’approprier et à comprendre sa construction. Parce que oui, en réalité, A Wonderful Life c’est 13 titres et 4 morceaux bonus. Confutatis est donc la première outro qui vient boucler la boucle des chants ecclésiastiques. To the Front qui arrive ensuite est donc un rappel. Ouais un rappel comme en live. Et cet interlude est dinguissime. Il fait monter la pression pour débarquer sur Sound of Destruction.

L’album fonctionne comme un spectacle. Chaque morceau possède ses propres sonorités et surtout ses propres intervenants. Un peu comme au cabaret en somme. On a des duos Rauckhorst – Laponza, J Mann – LaPonza, Rauckhorst – J Mann. Il y en a donc pour tous les goûts niveau musical mais également au niveau des voix : les 3 voix de Rauckhorst, le timbre inégalable de J Mann et le chant de LaPonza qui renforce ce côté film d’horreur (oui les bébés qui pleurent aussi) tout en lui apportant un brin de sexytude.

Les points faibles

Déjà, et c’est un gros point : le silence assourdissant de la guitare. On l’a vu au début : changement de guitariste. Church était ultra présent sur les derniers albums et nous lâchait même des solos. Sur A Wonderful Life : rien. La guitare suit, elle fait le taff et c’est clairement un gros manque. Pour masquer le tout, c’est Dr. F (le bassiste) qui prend le relais et qui est ultra voire trop présent. Tu te retrouves en train de devoir limite baisser le son sur certains morceaux : Reqiuem for Tomorrow, The Flood ou I am the One.

Le clavier ! Bien que très présent, il lui manque l’originalité de Schmotz, son côté perché. Comme dit plus haut, Schmotz c’était l’âme du groupe, le point qui séduisait et rassemblait l’ensemble des fans de Mushroomhead. Les parties clavier ont été notamment composées par le bassiste et le batteur. Ouais les membres de Mushroomhead sont hyper polyvalents. Mais qui prendra le relais en live ? Bonne question.

Un exemple qui vient étayer les deux points du dessus :

Certains morceaux sont trop longs. Quel est l’intérêt de faire durer Where the End Begins 7 minutes ? Tu t’attends à ce que ça pète mais ça ne pète jamais. Ça en devient même ennuyeux. Tu vois My Pain de Slipknot ? Ce truc qui ne décolle jamais ? Bah c’est pareil. Et c’est du gâchis. Confutatis : un interlude de 4 minutes 15. Un délire de chants d’église que t’écoutes sur vinyle. Je n’ai rien contre ces sonorités. C’est juste très long, c’est une messe. Alors oui on peut se dire que ça vient renforcer le côté WTF du groupe mais ça pouvait largement être raccourci. Pareil pour Lacrimosa.

Pour résumer

A Wonderful Life reste un très bon album. Ce n’est pas le meilleur album de Mushroomhead, mais c’est un bon retour. Le groupe revient de loin et sortir un album avec un nouveau chanteur, entre autres, c’est toujours un pari ultra risqué. Là: Rauckhorst nous envoie du rêve.

La recette du groupe n’a pas changé : on tente et on excelle. C’est un peu la force de Mushroomhead : tenter un style et arriver à te sortir un morceau qui passe parfaitement. Pourtant, le groupe n’est pas composé de grands musiciens mais plutôt de gars polyvalents et débrouillards. Mis à part l’album Savior Sorrow qui est le plus homogène de leur discographie, tout le reste est composé de buffets. Il y en a pour tous les goûts, il y a de quoi manger. Et pas du discount. Certains morceaux sont ultra travaillés et changent énormément de rythme : What a Shame, Pulse, The Time Has Come et Another Ghost.

Il y a des hymnes et des perles ! What a Shame, Madness Within, Carry On, I am the One, The Flood, Sound of Destruction, The Heresy et Seen it All sont incontournables.

En somme, un album travaillé, un pari réussi, une même recette pour le buffet, une esthétique qui fait plaisir, une impressionnante polyvalence, de bonnes surprises mais une quinzaine de minutes à supprimer et un déséquilibre en termes de sonorités (manque de guitare, de créativité au niveau du clavier et ultra présence de la basse) qui peut s’avérer déstabilisant pour les habitués. Frustrant même. Découvrir Mushroomhead avec cet album : c’est dommage. Cf: le nouveau label qui leur offre enfin plus de visibilité en Europe notamment.

Je les attends quand même de pied ferme en France en 2021 ! ENFIN ! On aura droit à une date à Paris et une autre au Plane R Fest si tout se passe bien ! Et je te conseille de faire de même. Mushroomhead en live c’est pas Mushroomhead sur CD.

Tracklist:
1. A Requiem for Tomorrow
2. Madness Within
3. Seen It All
4. The Heresy
5. What a Shame
6. Pulse
7. Carry On
8. The Time Has Come
9. 11th Hour
10. I Am the One
11. The Flood
12. Where the End Begins
13. Confutatis
Bonus
14. To the Front
15. Sound of Destruction
16. Another Ghost
17. Lacrimosa

La page officielle de Mushroomhead

A Wonderful Life

par Mushroomhead

8
sur 10

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