La saison des interviews en live reprend ! Et pour l’inaugurer, Duality nous reçoit en interview pour nous parler de Elements, leur dernier EP sorti chez Ellie Promotion le 15 mai 2020. Duality, c’est une formation métal assez récente de 5 musiciens : Julien Houblon au chant, Maxime Rabin à la basse, Jérémy Daudin et Logan Saint-André aux guitares, et Clément Rouxel à la batterie. Récente, mais déjà efficace !

Entre Textures et Tesseract, les compositions de Duality mélangent des sonorités métal progressif avec de gros riffs métalcore et un djent atmostphérique, le tout accompagné par un chant tantôt brutal, tantôt aérien. Après un premier album expérimental et autoproduit en 2016, le groupe sort un premier EP Archeology en 2018 chez Dooweet Records, avant de sortir en 2020 Elements, troisième opus donc pour lequel ils nous reçoivent aujourd’hui.

interview duality

De gauche à droite : Julien, Jérémy, Maxime et Logan

Pozzo Live : Merci de nous recevoir, vous êtes ma première interview post-confinement !

Jérémy : Merci à toi ! On a fait quelques interviews en Skype, mais avec la distance de l’écran c’est moins cool, tu es tout seul devant ton PC. C’est mieux en live !

Pozzo Live : Vous vous en doutez, vous n’allez pas échapper à la traditionnelle présentation du groupe. Qui s’y colle ?

Jérémy : On est le groupe Duality. On s’est formés entre 2014. Le line-up final a abouti en 2016, même si on s’est après séparés du précédent batteur. On s’est tous rencontrés petit à petit, et le groupe s’est formé autour de Logan et Maxime, qui se connaissaient depuis le lycée car ils ont fait de la musique ensemble. Julien et moi connaissions l’ancien batteur, qui nous a récupérés pour former Duality. Mais on s’est séparés de lui car on n’était pas satisfaits de la direction dans laquelle on avançait ensemble. On arrive d’horizons variés, chacun avec nos influences. Par exemple Julien arrivait d’un univers qui n’était pas vraiment métal.
Julien : Disons que si j’ai toujours écouté du métal (c’est une des premières musiques que j’ai écoutées), j‘ai toujours eu un univers musical assez large, et à cette époque-là je n’en jouais pas.

Pozzo Live : Techniquement, ça n’était pas trop dur de passer au chant saturé ?

Julien : Je prenais des cours de classique, et finalement il y a des parallèles. Entre passer ta voix au-dessus d’un orchestre, et la passer au-dessus de guitares saturées, il n’y a pas tant de différence. La saturation bien sûr c’est une autre chose, mais ça n’a pas été très compliqué. En revanche, le plus long a été le cheminement personnel pour assumer d’aller devant. J’ai pris presque 10 ans de cours avant d’assumer d’aller en frontside ! A la base j’étais batteur, et j’étais bien au chaud dans le backside (rires).

Pozzo Live : Parler pendant les concerts, c’est difficile pour toi ?

Julien : Chaque concert a son ambiance et sa vie. Le problème, c’est qu’entre le changement de batteur et le confinement, Duality n’a pas fait beaucoup de lives ces dernières années. On a plutôt été vivants en termes de compositions et de vidéos, on a un univers visuel qu’on espère assez marqué. On avait des perspectives de concerts, mais le confinement nous a un peu coupé l’herbe sous le pied, puisqu’on n’a pas pu faire de live pour accompagner la sortie de l’EP, même pas la Release Party. Heureusement on a quand même la Metalhead Convention qui arrive…
Logan : Si la 2e vague ne vient pas nous couper l’herbe sous le pied ! (rire nerveux).

Pozzo Live : Duality était votre premier groupe sérieux à tous ? Le premier dans lequel vous vous projetez à long terme ?

Jérémy : J’avais eu un premier groupe sérieux. Mais ça faisait un peu garage band, on passait notre temps à réécrire les mêmes compositions, à les effacer et les recommencer. Du coup j’ai trouvé ça chiant et je me suis séparé du groupe. Quand j’ai rejoint Duality, ça a été très vite beaucoup plus concret, ce qui nous permet par exemple d’être avec toi aujourd’hui ! Donc pour moi, c’est le premier groupe où il y a une expérience d’être un musicien complet.
Logan : Pour moi c’est pareil. Maxime et moi avions un groupe au lycée, on se prenait au sérieux, j’avais même fait un concert avec eux (et eux en avaient déjà fait avant). Mais on a rencontré les classiques problèmes de dissension dans le line-up qui ont cassé assez vite la dynamique. Là, ça n’a jamais été aussi concret qu’avec Duality.
Julien : Moi je ne peux pas dire ça. Mais ça devient le groupe où ça va le plus loin. Chaque année ça progresse ! On est focalisés sur une progression à court terme comme à moyen terme. Ça implique certaines contraintes, notamment financières, mais tout le monde joue le jeu, et j’espère que ça portera ses fruits.

Pozzo Live : En parlant de progression, pourquoi sortir deux EP APRES un album ? Le dossier de presse mentionnait un reboot du projet, vous pouvez nous en dire plus ?

Logan : (rires) C’est vrai que c’est pas anodin ! De base, Maxime et notre ancien batteur Guillaume faisaient les compositions de leur côté. Ils avaient tellement d’idées et qui fonctionnaient qu’ils se sont lancés directement sur un album. Avec l’arrivée de Julien et de Jérémy, ils ont pu placer le chant et la 2e guitare, donc ça s’enchainait plutôt bien. Mais avec le recul, on voit que ce n’était pas le meilleur choix. Mais à l’époque Duality ne regardait pas aussi loin, c’était de l’auto-production pure et dure, pour s’amuser. C’est seulement à partir d’Archeology, quand le line-up a été complet, qu’on a eu l’impression de démarrer vraiment le groupe.
Julien : D’ailleurs tu verras que le premier album n’apparait pas sur les plateformes de streaming, sauf celles desquelles on ne peut plus l’enlever. Il a beau contenir des morceaux intéressants et pertinents, dans l’ensemble il n’est pas représentatif de ce que veut être Duality. Mais néanmoins, je vais te lâcher une petite exclusivité : il y a un des morceaux de l’album qu’on va ré-enregistrer pour l’album qu’on prépare pour 2021.
Logan : Attention, on n’en a pas honte non plus, mais ce n’est juste plus l’esprit de ce qu’on fait aujourd’hui. On le voit comme une ébauche intéressante, mais on ne veut pas que les gens s’attardent dessus.

Pozzo Live : Et alors c’est quoi l’esprit Duality ? En préparant l’interview, j’ai été frappé par le mélange des sonorités, notamment pour l’album que vous préparez sur lequel vous voulez utiliser des instruments traditionnels …

Julien : Notre prochain album est en effet un album concept, sur lequel on va mélanger les cultures du monde. Mais ça ne définit pas notre style pour la suite, c’est vraiment un concept unique. L’esprit De Duality, c’est effectivement un mélanger les genres et d’être assez ouvert. On y trouve du prog’, du djent, de la mélancolie, du metalcore… L’idée est que l’essence de chacun de nous puisse s’exprimer dans nos compositions.
Jérémy, pensif : Tu as eu le sentiment qu’on allait vers du pagan en écoutant Elements ?

Pozzo Live : Non, justement, d’où ma question ! Je n’ai pas forcément senti une grande ligne directrice dans les thèmes ou la musique.

Julien : Ce n’est pas surprenant, car le concept du prochain album est venu pendant qu’on préparait l’EP. On s’est rendu compte quand même qu’il y avait un fil rouge sur Elements, notamment dans les textes, mais plutôt après coup.
Logan : On n’avait pas prévu forcément de sortir un EP à la base, c’est pour ça que les morceaux sont sortis en single petit à petit, et qu’on a fait un gros effort sur les vidéos. Pour nous c’étaient juste des chansons qui permettaient de montrer ce qu’on est capables de faire, et de donner l’idée générale du groupe. Est-ce que les gens le ressentent je ne sais pas (rires), mais pour nous c’est clair. L’album, c’est un autre concept, et peut-être que les suivants ça sera encore différent. Mais là, Elements cherchait vraiment à montrer notre patte, notre carte de visite.
Julien : Notre patte c’est du djent, du prog, de la mélancolie… ça tu le retrouveras tout le temps. Mais pas le côté historique (rires).

Pozzo Live : C’est quoi le plan pour vous ? Passer pro ? C’est un idéal pour vous ?

Jérémy : C’est compliqué, on n’en parle pas trop.
Julien : Ce n’est pas quelque chose qu’on maîtrise encore. Pour le moment on se contente de progresser d’année en année. A un moment la question se posera peut-être… Mais lâcher son boulot et la sécurité que ça représente, c’est dur, surtout quand tu as une femme et un enfant.
Logan : Ça pourrait être un idéal ! Ce n’est pas fermé, mais c’est compliqué de se dire qu’on va en vivre. Le métal en France, ce n’est pas évident non plus !

Pozzo Live : C’est compliqué de trouver le temps de jouer ensemble, de préparer des concerts ?

Julien : Ce n’est pas évident, surtout qu’on est un peu éparpillés en région parisienne. On n’est pas un groupe de répète, on travaille beaucoup avec des home studios pour composer. On n’est pas le groupe qui répète 2 fois par semaine. Ça fonctionne pour certains groupes, mais on n’en éprouve pas le besoin.
Jérémy : Par exemple, dans mon premier groupe, on répétait une fois toutes les semaines ou toutes les 2 semaines. On répétait, on répétait, on ne faisait que ça mais on n’avançait pas. On enregistrait quelque chose, et au bout de 3 mois on recommençait tout parce que ça ne plaisait plus à certains. Sur Duality, on ne se voit pas régulièrement certes, sauf quand on a un événement prévu, mais on avance !

Pozzo Live : C’est votre première campagne promo pour Duality ?

Logan : Oui. C’est un signe de reconnaissance !
Jérémy : Gagner le concours de la Metalhead Convention dans la catégorie Djent/prog, ça nous a aussi rendus fiers. On n’y croyait pas vraiment au départ, donc là on se dit que ce n’est pas rien. Pour un petit groupe pas connu, c’est une vraie reconnaissance.
Julien : Et les retours de chroniques sont plutôt bons, donc ça nous encourage à aller de l’avant.

Pozzo Live : Parlons un peu de live. Qu’est-ce qu’il faut comme ingrédients dans un bon live de Duality ?

Logan : (regarde les autres, rires…)
Julien : Y’a du sentiment et de l’émotion, de la mélancolie qu’on essaie de transmettre à notre public. Et des passages beaucoup plus agressifs, rentre-dedans, on espère voir du head-bang dans le public ! Après c’est un partage, donc j’espère que le courant passera !

Pozzo Live : On verra 4 personnes qui sautent partout sur scène ?

Logan : Pas tout le temps. Des fois oui, mais ça dépend des morceaux, des passages plus ou moins techniques, si tu vois ce que je veux dire ! (rires)
Jérémy : C’est clair. Il faut éviter de faire n’importe quoi quand même. A l’inverse, regarde : on avait vu le concert de Napoleon avec Logan, ce sont des furieux de la technique, leur guitariste est un monstre. Mais par contre, il est planté sur scène, il ne bouge pas.
Logan : Il te sort un concert de fou, mais il n’y a pas d’échange, il ne te regarde pas. On cherche quand même un contact avec le public. On est dans l’entre-deux, on a des passages techniques, et des passages un peu plus bourrins où on peut se lâcher, bouger et s’amuser avec le public.
Julien : Après, Napoleon n’a pas le même public, ça s’adresse à un public qui a des oreilles, et qui est très sensible à la qualité du jeu.
Jérémy : Bon, quand même, sur le peu de concerts qu’on a faits, Logan et Maxime bougent quand même beaucoup, donc le public ne devrait pas s’ennuyer ! (rires) Mais ce qui est sûr, c’est que c’est une expérience qui nous reste à acquérir. Je sais que pour ma part, à ma place de guitariste, ce n’est pas évident de devoir jouer sur scène et d’avoir une gestuelle en même temps. C’est pour ça qu’on a hâte de faire des concerts, de pouvoir apprendre et mûrir sur ce côté aussi.

Pozzo Live : Dans le peu de concerts que vous avez donnés, quel est votre meilleur souvenir ?

Julien : C’est un concert de bar, mais c’était au Quartier Général comme beaucoup de métalleux au départ. La salle était remplie, et les gens étaient chauds bouillants, ça fait chaud au cœur à voir. Ça nous a donné un gros boost, même si le son n’était pas forcément nickel et que ce n’est pas une grosse scène. Les limites de niveau sonore pour le voisinage faisaient un peu chier !
Logan : On s’était vraiment donnés, on avait très, très chaud ! On en a tiré une énergie positive, il y avait une bonne chaleur humaine, on a joué des bons morceaux, et on a bien joué globalement, donc c’était assez positif !

Pozzo Live : Et à l’inverse, votre pire souvenir de concert ?

Jérémy : Il n’y a pas eu de raté ultime pour l’instant. Mais sur le premier concert qu’on a fait, à la salle des fêtes de Suresnes, dans le cadre d’un festival… C’était une grande salle, et il n’y avait pas beaucoup de monde, donc ça semblait assez vide. Et surtout, on a enchaîné les problèmes techniques.
Julien : On arrive, on commence les balances, et la sono ne fonctionnait pas. Ensuite, les samples ne sortaient pas, et pour finir le groupe d’avant avait gentiment inversé les micros. Donc celui qui avait l’étiquette bleue, que je devais prendre, ne correspondait pas au câble, du coup quand j’ai commencé à chanter je suis passé un petit peu pour un con, en gros ! Après ça n’est pas affreux, et tous musicos a connu des problèmes de live. Mais sur le moment, tu n’en mènes pas large !

Pozzo Live : Si on se projette dans le futur, est-ce qu’il y a des feats d’albums qui vous feraient rêver ?

Julien : On y pense justement, principalement guitare et chant.
Logan : En même temps le feat batterie ou basse c’est compliqué ! (rires) Mais un feat de guitare sur un solo, avec un compositeur qui apporte sa patte et donne quelque chose d’original, ça peut le faire. On a pensé à deux ou trois noms, mais c’est encore en discussions donc tu comprendras que je ne voudrais pas qu’ils l’apprennent par la presse avant que ce soit fait !
Julien : Et pour le chant, on aimerait vraiment faire au moins un feat, et une voix féminine de préférence, pour varier par rapport à la mienne. Pour l’album, on s’attend à être jugés sur la longueur, on va varier les tonalités et réfléchir à sa dynamique, et deux ou trois feats apporteraient de la variété. Ça serait très sympa si on pouvait le faire !
Logan : Ou un bon gros gueulard, ça pourrait le faire aussi ! Par contre, on aimerait plutôt aller les chercher dans la scène française. Aller chercher des groupes internationaux, ça ne serait pas pertinent, je trouve ça plus intéressant de faire vivre la scène française. Sauf si le gars à l’étranger nous dit qu’il adore ce qu’on fait et veut absolument travailler avec nous, là bien sûr on lui saute dessus ! (rires)
Julien : Et si tu me demandes de rêver, et que la chanteuse de Ginger veut absolument venir travailler avec nous, on est plutôt OK !

Pozzo Live : Si on se revoit dans un an, que faut-il pour que vous me disiez que vous avez fait une super année ?

Julien :  Du live, du live, du live, du live, du liiiiive !
Logan : Dans un an, si on peut être bookés pour deux ou trois festivals sympathiques de l’univers métal, ça serait vraiment génial. C’est l’objectif qu’on s’est donnés, mais si on n’ose pas encore penser au Hellfest parce que bon… faut pas déconner… Mais être bookés sur des festivals, plus avoir fait quatre ou cinq live sympas avant, ça serait top car on aurait déjà eu une progression.
Julien : Pour le Hellfest, il y a le tremplin aussi, il faudra qu’on y pense… un jour. Sachant qu’on a une tournée nationale prévue d’avril à juin 2021 aussi, tu notes là ? (rires)

Pozzo Live : Une question vache : quelle est la question que je ne vous ai pas posée, et que vous auriez aimé que je vous pose ?

Julien (à Maxime, qui vient d’arriver) : Elle est pour toi celle-là !
Logan : Si tu étais un dessert, que serais-tu ?
Maxime : Une tarte au citron meringuée bien épaisse ! L’équilibre des textures, c’est comme Duality !
Logan : Oooh, vous êtes connectés ! Vous êtes faits pour vous entendre !
(ndlr : j’avais répondu de la même façon à cette question en début d’interview. Et oui, on s’en fout !)

Pozzo Live : Dernière question, rituelle chez nous : qui devrais-je aller interviewer après vous ?

Logan :  Hyde. C’est du stoner, ça fonctionne bien en live. Julien a fait des cours de chant avec le chanteur du groupe, ils sont très sympathiques.
Jérémy : Et ils viennent de sortir un album il y a 2 mois !

Merci à Duality de nous avoir accordé de leur temps, et à Ellie Promotion d’avoir organisé l’accueil au Hellfest Corner. Elements est sorti le 15 mai 2020 chez Ellie Promotion, et est disponible en écoute sur Spotify, en achat numérique sur Bandcamp.

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